QUANTITÉ DE QUESTIONS se posent aux experts de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) après la première découverte, post-mortem, de prion pathogène chez un hémophile britannique. Interrogations qui toutes aboutissent, comme à l’embouchure d’un entonnoir, sur : « la France devra-t-elle renforcer ses mesures de sécurité vis-à-vis des produits issus du sang ? ».
En début de semaine, l’Afssaps apprenait que l’autopsie systématique d’un hémophile britannique de 74 ans avait révélé, au niveau de la rate, le prion responsable du nouveau variant de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (nvMCJ). Aucune trace de la protéine pathogène n’a été mise en évidence à proximité du système nerveux. Le patient est décédé d’une autre affection et, surtout, ne présentait aucun signe clinique de trouble neurologique. Comme l’expliquait Jean Marimbert, directeur général de l’Afssaps, au cours d’une conférence de presse, « Un seul des vingt-quatre prélèvements réalisés sur la rate est revenu positif pour le prion pathogène. Mais sa présence dans cet organe est évocatrice du nvMCJ. » Ce patient faisait partie d’une cohorte de 200 hémophiles britanniques particulièrement surveillée (avec autopsie à l’issue) car à risque élevé de contamination. Tous ont en effet reçu des produits dérivés du sang issus de quatre donneurs qui ont déclaré ultérieurement une nvMCJ. De fait, ce patient, avait reçu il y a onze ans un lot de facteur VIII, dont l’un des donneurs a déclaré la neurodégénérescence six mois après le prélèvement, en 1996. Il a de plus, semble-t-il, reçu à de façon répétée des produits sanguins labiles.
Tels sont les premiers éléments disponibles sur lesquels l’Afssaps et l’Association française des hémophiles (AFH) ont entamé une réflexion.
L’origine de la contamination n’est pas connue.
En effet, Jean Marimbert constate que l’origine de la contamination n’est pas connue à l’heure actuelle. Le patient a contracté le prion alors que le Royaume-Uni était en pleine période à risque alimentaire (10 fois supérieur à celui existant en France à la même époque). L’infection peut donc avoir été causée par de la viande bovine. Autre voie de contamination, les injections itératives de médicaments dérivés du sang (le facteur VIII) ou de produits sanguins labiles. Sur ce point le directeur général de l’Agence rappelle et précise les mesures complémentaires mises en place sur le territoire national depuis 2000. À cette époque, le risque de transmission sanguine « a été pris en compte, bien que qualifié de théorique, pour les médicaments dérivés du sang ». La déleucocytation des plasmas a été instaurée dès 2001 et appliquée pour les médicaments dérivés du sang (MDS) en 2002. Il s’y est ajouté une nanofiltration pour le fractionnement des MDS. Ce filtrage permet le passage des protéines plasmatiques, mais retient les prions. Le facteur VIII est nanofiltré depuis janvier 2001, en France. Le patient britannique n’a bénéficié d’aucune de ces mesures.
De la confrontation de ces mesures préventives apparemment suffisantes et de ce décès insuffisamment documenté au Royaume-Uni, surgissent de multiples interrogations. Elles concernent les patients hémophiles, en priorité, et la population générale.
Aurait-il déclaré une MCJ ?
Le patient britannique peut-il avoir été contaminé par une autre voie que le facteur VIII d’origine humaine (alimentation ou produits sanguins labile) ? Aurait-il déclaré une MCJ due au nouveau variant, avec quelle probabilité ? Quelle valeur doit-on accorder à la présence du prion dans les prélèvements spléniques ? Doit-on modifier l’évaluation de la sécurité des médicaments dérivés du sang ? Quelle est la portée épidémiologique et clinique des cas asymptomatiques ? L’information des hémophiles doit-elle être renforcée ?
Bien sûr ces questions ne vont pas rester lettre morte, a déclaré Jean Marimbert. Il a annoncé la réunion prochaine par l’Agence du groupe de travail ayant « planché » sur le sujet. Il devrait statuer sur l’intérêt d’éventuelles mesures de sécurité supplémentaires.
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