Le Quotidien du pharmacien. - Qu’en est-il depuis l’annonce de Marisol Touraine qui promettait, le 25 mai 2016, d’étendre l’accès aux nouveaux traitements de l’hépatite C à tous ?
Yann Mazens. - La ministre de la Santé avait annoncé à cette époque un accès universel en deux temps, assorti de deux arrêtés. Le premier a été publié le 10 juin et a ouvert les indications à beaucoup plus de patients, notamment les malades dès le stade de fibrose F2, alors qu’initialement les traitements étaient réservés aux stades F2 sévère, F3 et F4. L'arrêté inclut aussi les personnes qui présentent des manifestations extra-hépatiques dues au VHC. Pour SOS hépatites, c’est une grande avancée car, auparavant, beaucoup de patients qui souffraient de conséquences extra-hépatiques graves se voyaient refuser les traitements, sous prétexte que leur foie n’était pas assez dégradé. Heureusement, ces malades sont désormais pris en charge. Enfin, l'arrêté étend l’accès à toutes les personnes à risque de transmission du VHC : femme en désir de grossesse, usager de drogue actif… Mais en ce qui concerne les usagers de drogue, les critères pour octroyer ou non le droit au traitement sont très subjectifs, étant donné que la définition « d’usager de drogue actif » est sujette à interprétation. Le rationnement instauré par les pouvoirs publics engendre des appréciations diverses des critères d’accès et alimente les discriminations entre les 52 centres de prescription répartis sur le territoire.
Y a-t-il depuis ce premier arrêté une explosion des prises en charge ?
Pas vraiment, car on a traité en 2015-2016 environ 30 000 malades aux stades de fibroses les plus sévères (F3-F4), sur les 250 000 personnes porteuses du virus. Les patients ont guéri et ce réservoir s’est tari. Donc, sur le terrain, on a constaté une baisse des prescriptions. C'est la raison pour laquelle, le gouvernement a ouvert le champ des indications.
Quand peut-on espérer la publication du second arrêté ouvrant l’accès aux traitements pour tous ?
La Haute Autorité de santé vient de publier son avis sur les 7 nouveaux traitements oraux du VHC qui devrait donner lieu, dans la foulée, à la publication de cet arrêté. Mais toute cette démarche prend du temps : la déclaration de l’accès universel ne pouvant se faire qu’avec une renégociation des prix des médicaments, qui s’opère actuellement entre le gouvernement et les laboratoires. Il est primordial d’obtenir un prix décent pour que l’accès pour tous puisse réellement se mettre en place. Sans cela, cet accès pour tous ne pourra pas exister : les prix des traitements continueront alors à alimenter des discriminations entre les patients.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion