Sur la base des sondages effectués par Fiducial auprès de ses pharmaciens clients, 18 % ont demandé un report d'échéance pour leur emprunt bancaire, 9 % ont déposé une demande de prêt garanti par l'État (PGE) et 14 % ont eu recours au chômage partiel.
« Cette dernière mesure ne concernait toutefois qu'un seul salarié de l'officine », précise Philippe Becker. Ces données reflètent l'utilisation par les pharmaciens des différentes mesures mises en place par le gouvernement pendant le confinement pour atténuer l'impact de la crise sanitaire sur l'activité des entreprises.
« Dans leur grande majorité, les pharmaciens ont peu utilisé le chômage partiel et le PGE. Ce sont surtout les titulaires de centres commerciaux et des centres-villes qui y ont recouru pour faire face à une baisse significative de leur activité », note Joël Lecœur. « En effet, le premier était un moyen de réduire leur masse salariale, tandis que le second leur permettait d'obtenir un prêt à hauteur de 25 % de leur chiffre d'affaires annuel », relève-t-il.
Aussi salutaires que furent ces mesures pour les officines obligées de ralentir leur activité, certains soutiens de l'État se révèlent aujourd'hui à double tranchant. Ainsi, l'URSSAF a décidé de manière unilatérale de suspendre les cotisations TNS des pharmaciens, comme des autres indépendants, entre mars et août, pour reprendre les prélèvements en septembre. « Ces rappels se feront en 2021 », indique Joël Lecœur, notant cependant qu'il ne s'agit pas forcément d'une bonne nouvelle pour les titulaires. La raison en est simple : ces cotisations qui ne seront pas payées cette année ne pourront pas se déduire fiscalement et augmenteront d'autant le revenu de l'année 2020. Contre cet « effet ciseau sur la fiscalité », l'expert-comptable a entamé des démarches auprès de l'URSSAF afin que les pharmaciens soient prélevés de ces cotisations sur la base de leur rémunération actuelle.
Préserver la trésorerie
Un autre effet boomerang doit être également considéré : celui qui attend, à terme, les titulaires ayant demandé le report des échéances de l'emprunt. « 24 % l'ont demandé pour les mois de mars à septembre. En octobre, les échéances vont reprendre », explique Joël Lecœur. Trois solutions vont alors se présenter aux titulaires concernés : ceux pour lesquels la crise n'a pas eu d'impact sur l'activité, ni sur la rentabilité vont pouvoir rembourser en une fois. « Il est également possible, poursuit-il, d'étaler les remboursements sur la durée restante de l'emprunt. » Ou encore de rembourser l'équivalent de ces six mois à l'échéance de l'emprunt. « En tout état de cause, il y a aura des frais, contrairement à ce que l'État avait promis, il y aura des intérêts », prévient l'expert-comptable qui préconise la troisième solution : « elle préserve la trésorerie du moment, ce qui n'est pas négligeable, car on n'est pas à l'abri de nouvelles mesures de confinement ! »