Les étudiants en pharmacie, en médecine, en dentaire et en maïeutique pourront désormais effectuer un stage dans un service départemental d’incendie et de secours (SDIS), comme l’annonce l’arrêté paru au « Journal officiel » du 10 janvier. Ce texte précise les conditions et les modalités de réalisation de ces stages au sein des services de santé de ces centres. En ce qui concerne la filière officine, « les étudiants vont pouvoir faire cette expérience dans le cadre de leur stage hospitalo-universitaire de cinquième année. Jusqu’à présent, ils pouvaient uniquement l’effectuer dans un établissement hospitalier. Ce stage leur permettra de découvrir ce qu’est une PUI de SDIS », expose Vivien Veyrat, pharmacien lieutenant-colonel du SDIS des Yvelines et président d’Alphasis, l’alliance des pharmaciens des services d'incendie et de secours.
Risques chimiques, biologiques et nucléaires
Cette opportunité ouvre de nouvelles perspectives aux étudiants, celles de découvrir une facette encore méconnue du métier. « L'ouverture au deuxième cycle permet d'avoir des stagiaires de 5AHU dans les PUI de SDIS et de découvrir le métier de pharmacien pompier. Ce qui ne manquera pas de susciter des vocations et d’inciter à passer le concours puisque c'est une exigence d'avoir un DES PH depuis la réforme du DES Pharmacie Hospitalière », se félicite Lysa Da Silva, présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF).
Cette nouvelle possibilité est également bien accueillie par les pharmaciens pompiers. « Ce stage va permettre aux étudiants de découvrir le métier de pharmacien pompier professionnel, une facette encore méconnue de notre diplôme. Voire de recruter des pharmaciens experts dans les risques nucléaires, biologiques ou chimiques, ce qui est indéniablement une plus-value pour les SDIS », se félicite François Bachert, titulaire à Westhoffen (Bas-Rhin). Capitaine des sapeurs pompiers volontaires de l’unité territoriale de Wasselonne (Bas-Rhin), il a la responsabilité de 150 pompiers volontaires.
« L'ouverture au deuxième cycle permet d'avoir des stagiaires de 5AHU dans les PUI de SDIS. Ce qui ne manquera pas de susciter des vocations et d’inciter à passer le concours, puisque c'est une exigence d'avoir un DES PH depuis la réforme du DES Pharmacie Hospitalière. »
Lysa Da Silva, présidente de l’ANEPF
L’expertise du pharmacien est en effet recherchée au sein des SDIS, car il peut intervenir tant dans les services d’incendie que dans les services de santé. Ses missions peuvent ainsi être opérationnelles, sur les champs d’intervention ou plus traditionnelles, en pharmacie à usage intérieur (PUI) où il sera chargé de la commande, de la gestion des produits et du conditionnement des kits pour les équipes, comprenant pansements, sérums phy, pansements froids pour ceux qui combattent le feu, ou encore collyres. Le pharmacien pompier peut également apporter son expertise face aux risques nucléaires, toxicologiques, biochimiques, ou encore lors de crises de pollution.
Un besoin de relève
« Le texte prévoit aussi explicitement des terrains de stage pour le 3e cycle. Jusque-là on fonctionnait avec des stages agréés sur projet ou en stage libre. Ça devrait permettre côté interne de faciliter les stages en PUI de SDIS et par conséquent de susciter des vocations et d’inciter à prendre ensuite des postes en SDIS qui ont actuellement de gros besoins de recrutement », expose Lysa Da Silva.
Comme la présidente de l’ANEPF, Vivien Veyrat nourrit l’espoir que ces stages suscitent des vocations parmi les jeunes et assurent la relève, « soit en qualité de pharmacien pompier volontaire, une activité qui n’est pas conditionnée à un diplôme spécifique, soit en qualité de pharmacien pompier professionnel, détenteur dans ce cas d’un DES de pharmacien hospitalier ». Ces derniers sont aujourd’hui une centaine dans l’Hexagone et de nombreux postes sont ouverts.