Alors que les établissements de soins font face à l’afflux de malades du Covid-19 et que les pays ont restreint les activités et services au strict nécessaire, les pharmaciens ne sont plus seulement « le premier contact avec le système de santé », mais deviennent « le point d’accès vital aux médicaments et aux conseils en soins de santé ». Relevant l’implication des confrères dans tous les pays, en particulier en direction des patients les plus vulnérables, la Fédération internationale pharmaceutique (FIP) salue ceux qui vont jusqu’à fabriquer des solutions hydroalcooliques « pour remédier aux pénuries ». Elle appelle « les gouvernements et toutes les parties prenantes » à soutenir les pharmaciens et leurs équipes et à en faire des « partenaires clés de cette crise sanitaire mondiale pour que la population puisse continuer à compter sur eux dans les semaines et mois à venir ». Comment ? En appliquant les 23 « mesures urgentes » qu’elle vient de publier.
En France, certaines de ces recommandations sont déjà en œuvre, d’autres peinent à devenir réalité. Le programme repose d’abord sur la reconnaissance des pharmaciens et de leurs collaborateurs comme des travailleurs essentiels, ce qui suppose de leur laisser toute liberté de déplacement en cas de confinement de la population, et la possibilité de bénéficier de la garde d’enfants « si les écoles sont fermées ». Dès lors, il convient que tous aient les équipements de protection appropriés et qu’ils fassent partie des publics à tester dès que les tests Covid-19 sont disponibles. Les confrères doivent avoir un soutien logistique et financier quant à la livraison de médicaments et dispositifs médicaux à domicile, en particulier lorsque les patients concernés sont à risques élevés. La FIP précise que des aides financières sont attendues lorsque des pharmacies sont contraintes de fermer pour des raisons de santé.
Éviter les pénuries
En coordination avec toutes les parties prenantes, les pharmaciens doivent être autorisés à renouveler des prescriptions initiales, à fournir des médicaments en plus grande quantité dans certains cas, ainsi que des fournitures d’urgence, sans avoir à exiger la présentation d’une ordonnance, « en particulier pour les patients chroniques ». Cette mesure doit être mise en œuvre « de manière à éviter toute pénurie de médicaments et toute tension sur le personnel des pharmacies déjà sous pression pour faire face à la pandémie ». La FIP recommande d’ailleurs d’identifier les produits de santé à risque de rupture d’approvisionnement et d’instaurer des plans de minimisation de ce risque qui pourraient par exemple prévoir la substitution possible d’un médicament par un autre équivalent sans l’autorisation du prescripteur. De façon à éviter les longs déplacements pour les patients ambulatoires, la FIP souligne la nécessité de permettre la dispensation en officine de traitements habituellement réservés à une délivrance hospitalière. Les décideurs sont également invités à autoriser et faciliter les missions pouvant être accomplies à distance, telles que « les téléconsultations pharmaceutiques ».
Outre l’importance d’inciter les pharmaciens qui le peuvent à rejoindre la première ligne de front, par exemple en s’inscrivant dans les services de la réserve sanitaire, et à compter également sur les étudiants en pharmacie, la FIP souhaite que les gouvernements s’appuient sur le maillage pharmaceutique pour la réalisation des tests rapides du Covid-19. Et préconise un changement des réglementations nationales pour que les pharmaciens puissent participer à la vaccination de masse des adultes pour toutes les maladies évitables, y compris pour le Covid-19 dès qu’un vaccin sera disponible.