D’après une étude observationnelle portant sur la prévalence des symptômes persistants liés au Covid-19 et menée à Rennes, seuls 54 % de patients ayant eu un diagnostic de Covid-19 n’ont plus aucun symptôme respiratoire à six semaines de l’infection.
« Notre objectif était d’obtenir rapidement des données descriptives sur les symptômes persistants au sein d’une petite population pour pouvoir informer la communauté », indique au « Quotidien » Lucas Armange. Interne dans le service de médecine interne à l’hôpital Sud de Rennes, il a présenté les résultats de cette étude lors des Journées nationales d’Infectiologie (JNI) qui se sont tenues à Poitiers du 9 au 11 septembre.
Au total, 311 patients ont été inclus entre le 3 mars et le 23 juin après avoir été pris en charge au sein du centre de dépistage ambulatoire ou bien après avoir été hospitalisés au CHU de Rennes. Ils ont été suivis quotidiennement via l’application mobile MyCHURennes, déployée pour le télésuivi des patients Covid. Âgés en médiane de 39 ans, tous ont eu un diagnostic confirmé de Covid par RT-PCR ou par la clinique (symptômes évocateurs chez un patient ayant été en contact avec une personne positive à la RT-PCR). Si 90 % d’entre eux étaient des patients ambulatoires, 8 % ont été hospitalisés et 2 % ont été admis en réanimation. Et 20 % des 311 patients étaient à risque de forme sévère de Covid. À six semaines, 214 patients ont répondu à un questionnaire en ligne portant sur la présence de symptômes respiratoires, leur forme physique, l’anosmie et l’agueusie, leur humeur ainsi que sur une éventuelle perte de poids. « Nous avons fait le choix d’un questionnaire bref et non exhaustif en espérant une meilleure adhérence, explique Lucas Armange. Nous n’avons par exemple pas pris en compte l’asthénie, symptôme le plus souvent rapporté dans les études, pour nous focaliser sur les symptômes respiratoires ».
Rééducation à l’effort
À six semaines, 40 % des patients ont l’impression d’avoir perdu des capacités respiratoires et 37 % déclarent souffrir de dyspnée à l’effort. Ils sont également 19 % à rapporter une toux persistante et 11 % une douleur thoracique.
Concernant les signes non respiratoires, 42 % des patients ont perdu du poids (avec une perte moyenne de 2,3 kg), et, parmi les patients qui pratiquaient une activité physique, 56 % ont repris à six semaines. Deux tiers des patients ayant présenté de l’anosmie et/ou de l’agueusie ont récupéré à trois semaines.
Des examens complémentaires pour un bilan respiratoire — explorations fonctionnelles respiratoires et scanner — ont ensuite été réalisés chez 23 patients volontaires. « Néanmoins, l’intérêt de ces examens est discutable, car nous n’avons pas mis en évidence d’éléments probants pouvant expliquer la persistance des symptômes », souligne Lucas Armange. Le peu de patients concernés appelle toutefois à la prudence sur les conclusions.
« La forte prévalence des symptômes respiratoires persistants après une infection Covid met en évidence le besoin d’un accompagnement multidisciplinaire au long cours, avec notamment la mise en place d’une rééducation à l’effort pour ces patients », estime Lucas Armange. Une vingtaine de patients de la cohorte ont bénéficié d’un programme d’activité physique adaptée de 12 séances sur quatre semaines. Des résultats sur 12 patients ont montré que leur capacité aérobie a progressé de 17 %.