Deuxième performance enregistrée par le réseau en 2022, la marge brute globale. Cet indicateur, autrement plus pertinent que le chiffre d’affaires, progresse lui aussi de manière spectaculaire. 14, 79 % chez CGP, 15,80 % chez KPMG et même 15,93 % chez Fiducial : ces taux de croissance ont permis aux pharmaciens d’engranger entre 655 000 et 734 600 euros au cours de l’année 2022, soit en moyenne entre 90 000 et 100 000 euros de plus qu'un an auparavant. Des évolutions en valeur absolue qui dépassent de loin les montants exceptionnels atteints en 2021 !
Cette somme de la marge commerciale (MDL et forfait à la boîte), des honoraires, des prestations, des coopérations commerciales, ainsi que des nouvelles missions (vaccinations, TROD…), soit la rémunération officinale, est elle aussi dopée par la marge issue des activités Covid, soit 120 000 euros pour le réseau KPMG. Mais pas que. Les experts-comptables se sont prêtés à l’exercice et ont retraité leurs chiffres, neutralisant les effets Covid sur la marge brute globale. Emmanuel Leroy, expert-comptable chez KPMG, annonce ainsi sur un volume de marge globale de 734 600 euros, un volume retraité, c’est-à-dire hors Covid, de 615 000 euros. « Si on compare cette somme à la marge brute globale de 2019 soit 569 000 euros, on obtient un taux de croissance de 8 % sur cette période, soit 2,5 points par an. Nous restons donc tout à fait dans les tendances préCovid », analyse-t-il.
La prudence est de mise
Reste à savoir à quels postes ce gain supplémentaire a été affecté : investissements, remboursement de la dette, trésorerie, ou encore augmentation des salaires ? Les experts-comptables, à l’aune de leur expérience sur le terrain, dressent un tableau différencié. « Les titulaires ont profité de cette manne pour faire face à l’augmentation des frais dans la gestion du quotidien de leur officine, constituer un coussin de trésorerie, ou entreprendre des travaux, effectuer des achats sans recourir au crédit-bail, ou encore, pour ceux qui étaient en difficulté - 6 % de mes clients ont terminé l’année 2019 à découvert- combler leur déficit », constate Emmanuel Leroy. « Il ne faut pas oublier que l’État, à travers l’impôt sur les sociétés et les charges sociales, a pris sa part du gâteau », ne manque pas d’ajouter Joël Lecœur. Philippe Becker a, quant à lui, préconisé la prudence à ses clients « car nous anticipions des années plus difficiles ».