« Face au risque infectieux, les personnes âgées ne sont pas à égalité, rappelle le Dr Bertrand Issartel, infectiologue et responsable du centre de vaccination internationale à Lyon. Les personnes âgées fragiles ou dépendantes sont plus à risque de contracter une infection. » Or, pour être un acteur de la prévention vaccinale, il faut montrer que la vaccination est efficace pour lutter contre ces infections. « La France est l’un des pays où la proportion de personnes qui n’ont pas confiance dans la vaccination est la plus élevée : environ 32 % n’avaient pas du tout confiance dans les vaccins en décembre 2020 », souligne-t-il. En revanche, la confiance des professionnels de santé est massive : 95 % des pharmaciens et 98 % des médecins généralistes ont confiance dans la vaccination, contre 87 % des élus.
Les motivations à la vaccination sont de se protéger soi-même, de protéger les patients et de protéger son entourage. Les motivations à la non-vaccination sont quant à elles multiples : oubli, crainte des effets secondaires, crainte de la toxicité du vaccin, appréciation du risque différente de celle des experts (sentiment d’immunité), peur de l’aiguille et de la douleur liée à l’injection, peur d’un vaccin trop récent, principe de liberté individuelle à disposer de son corps et de sa santé ou encore préférence pour les produits ou les substances naturelles.
Adapter la formulation au profil psychosocial du patient
« Plusieurs facteurs peuvent jouer lorsqu’on essaie de convaincre un patient de se faire vacciner. L’identité sociale par exemple, c’est-à-dire que les membres d’un groupe internalisent les normes du groupe comme siennes et prennent en compte les opinions et le comportement de ce groupe. Ou encore la motivation défensive : lorsque les individus sont confrontés à une menace, ils traitent l’information d’une manière biaisée afin de se protéger de cette menace », détaille le Dr Issartel.
Les patients peuvent aussi faire preuve d’un optimisme comparatif, en percevant les événements négatifs moins probables pour eux que pour autrui. « Le but est de réduire leur anxiété », souligne le médecin. Tous ces éléments sont à prendre en compte lors du cadrage de la communication, pour encourager la prise de décision. De plus, « la perception subjective de l’information est plus importante que l’information objective », rappelle-t-il. Ainsi, la formulation d’un message recommandant un comportement peut être à l’origine de l’efficacité plus ou moins grande de ce message. « Il faut adapter la formulation au profil psychosocial du patient pour une communication plus efficace, recommande le Dr Issartel. Par exemple, pour encourager à la vaccination contre la grippe, on peut appuyer, selon les patients, sur la morbidité des infections du sujet âgé, ou plutôt sur la dégradation en terme cognitif et en termes d’indépendance. » Pour lui, « les pharmaciens doivent se former pour mieux informer leurs patients ».