Cinq cas évocateurs de botulisme alimentaire ont été rapportés chez des personnes ayant consommé du pesto à l’ail des ours en conserve, de fabrication artisanale. La direction générale de la Santé (DGS) lance l’alerte.
Des conserves de la marque « O ptits oignons » ont été commercialisées par Thierry Leloup au sein de sa cuisine mobile en Indre-et-Loire, le week-end dernier, lors du festival de la tomate et des saveurs au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, mais aussi à la foire à l'ail et au basilic, à Tours, le 26 juillet, à la fête « Nature en fête » au château de Cangé à Saint-Avertin, les 13 et 14 avril 2024 ainsi qu’à la fête des Plantes et du Printemps au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, les 30 et 31 mars et 1er avril derniers.
Une présomption de botulisme pèse sur tous les lots de pesto à l’ail des ours de cette marque depuis que 5 cas cliniquement évocateurs de botulisme alimentaire (atteinte des paires crâniennes pouvant évoluer vers une paralysie descendante) ont été signalés le 9 septembre, alerte la direction générale de la Santé dans un DGS-Urgent. L’instance précise que « les 5 personnes sont actuellement hospitalisées en réanimation ou en unité de surveillance continue (USC) ». « Les investigations réalisées sur ces conserves de fabrication artisanale ont montré l’absence de maîtrise du processus de stérilisation. » Ces produits font l’objet d’une mesure de rappel auprès des consommateurs. Toutefois, la survenue d’autres cas dans les prochains jours n’est pas exclue, raison pour laquelle cette alerte doit être diffusée. Parallèlement, des analyses sont en cours par le CNR bactéries anaérobies et botulisme (Institut Pasteur Paris) pour confirmation biologique du botulisme.
Le botulisme est une maladie rare qui résulte le plus souvent de la consommation d'un aliment contaminé contenant de la toxine botulique produite par Clostridium botulinum. Cette toxine se développe notamment dans les conserves ou les produits de charcuterie de fabrication familiale ou artisanale pour lesquelles le procédé de stérilisation n'a pas été maîtrisé. Les symptômes apparaissent généralement 12 à 72 heures après l'ingestion d'un aliment contaminé, mais ils peuvent se développer plus précocement ou plus tardivement (de 2 heures jusqu'à 10 jours). L'intoxication botulique est caractérisée par des signes neurologiques : sensation de vision floue ou double, paupières tombantes, sécheresse de la bouche accompagnée d’un défaut de déglutition, voire d’élocution, faiblesse musculaire. Ces signes sont souvent accompagnés de troubles digestifs (constipation, vomissements, diarrhée) et de symptômes neurologiques (fausse route, paralysie plus ou moins forte des muscles). L’apparition de fièvre n’est pas systématique.
Le traitement du botulisme est essentiellement symptomatique et requiert, dans les formes sévères, des soins respiratoires intensifs avec ventilation assistée. Comme le rappelle la DGS, l’administration d’antitoxine botulique dans les heures ou les premiers jours après le début des symptômes peut permettre de raccourcir le temps d’hospitalisation. La dispensation de ce produit, relevant du stock État, se fait via une autorisation d’accès compassionnel (AAC) dont la demande s’effectue par les PUI sur la plateforme dédiée de l’ANSM e-Saturne.
Il y a tout juste un an, seize cas de botulisme, dont un mortel, sont survenus dans un bar de Bordeaux chez des personnes ayant consommé des conserves de sardine « maison ».
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