Malgré l’appel de l’Union européenne à « parler d’une seule voix » pour ne pas nourrir la défiance à l’égard de la vaccination contre le Covid-19, les décisions des États membres concernant le vaccin AstraZeneca sont prises en ordre dispersé.
Hier, l’Agence européenne du médicament (EMA) a expliqué que les thromboses atypiques sont un effet indésirable « très rare » de la vaccination avec AstraZeneca et n’a pas déterminé de facteurs de risques spécifiques à leur survenue. L’agence a donc indiqué qu’il n’y avait pas lieu de restreindre la vaccination à certaines populations, par exemple à certains groupes d’âge comme l’ont fait plusieurs pays, le bénéfice-risque du vaccin restant largement favorable.
Dans la foulée de cet avis, la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyrjakides, a appelé les États membres à se coordonner pour « parler d’une seule voix (…) afin de conforter la confiance du public dans la vaccination ». D’autant que « le monde nous regarde et nous devons garder à l’esprit que le vaccin AstraZeneca est le principal vaccin exporté vers les pays à bas et moyens revenus ». Un appel réitéré par la ministre de la Santé portugaise, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l’Union européenne, soulignant que les restrictions adoptées dans certains pays pouvaient accroître la pression sur des États voisins en faveur de mesures semblables.
Hélas, ces appels à la coordination sont restés vains. En France, le vaccin est réservé aux 55 ans et plus depuis le 19 mars. La semaine dernière, l’Allemagne l’a recommandé pour les plus de 60 ans. Et hier, la Belgique a, à son tour, décidé de l’indiquer chez les plus de 55 ans, quand l’Espagne et l’Italie le destinent désormais aux 60 ans et plus. Quant au Royaume-Uni, qui se distingue par une campagne de vaccination massive depuis décembre, le vaccin est maintenant préconisé pour les plus de 30 ans « quand c’est possible ». Cette décision fait suite aux analyses de cas de thromboses survenus dans le pays : 79 cas ont été répertoriés, dont 19 d’issue fatale – 51 femmes et 28 hommes âgés de 18 à 79 ans – sur plus de 20 millions de doses injectées. Le gouvernement a néanmoins tenu à rassurer sur l’efficacité et la sécurité du vaccin. S’appuyant sur une étude de Public Health England, il a indiqué que la vaccination avait permis d'éviter 6 100 morts chez les plus de 70 ans pendant les trois premiers mois de la campagne.
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a jugé hier que le lien entre le vaccin AstraZeneca et les thromboses atypiques reste « plausible mais non confirmé » et que ces phénomènes « bien qu'inquiétants sont très rares ». Elle ajoute que « des études spécialisées sont nécessaires pour comprendre pleinement la relation potentielle entre la vaccination et de possibles facteurs de risque ». Des études demandées par l’EMA et sur lesquelles le laboratoire a commencé à plancher.
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