La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) s’assoiront mardi 19 décembre au matin à la table des négociations avec l’assurance-maladie afin de garantir l’assise économique du réseau officinal pour les cinq années à venir. Un bras de fer s’annonce entre, d’un côté une profession fragilisée par la baisse des prix, les médicaments chers, les difficultés de recrutement et les tensions d’approvisionnement, et de l’autre un gouvernement acculé à des économies mais contraint de s’appuyer sur le réseau officinal pour assurer la permanence des soins sur l’ensemble du territoire.
Mardi matin, les deux syndicats représentatifs de la profession démarreront, enfin, les négociations avec l’assurance-maladie portant sur le volet économique de la convention économique signée le 10 mars 2022.
Toutefois, on ignore encore les orientations que pourraient prendre ces négociations. Une lettre de cadrage, remise au directeur de l'assurance maladie par le ministre de la Santé et rendue publique hier aux syndicats de la profession, balaie de manière quasi exhaustive tous les registres de l’exercice officinal mais ne donne pas réellement plus d'informations à ce sujet. C'est en tout cas l’analyse de Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. « La revalorisation des honoraires ne figure pas textuellement dans le courrier du ministre au directeur général de l’assurance-maladie. Or ce financement de notre métier de dispensation est le point névralgique. De lui, découlera la capacité du réseau officinal à exercer les nouvelles missions, à garantir le maillage et à résister à la financiarisation. »
Philippe Besset, président de la FSPF, retient avant tout le spectre très large de cette lettre de cadrage. « Elle ressemble davantage, de par son ampleur, à une lettre de cadrage de convention qu'à une lettre de cadrage d'un avenant », sourit-il. Ce texte ambitieux n’aurait jamais vu le jour cependant, insiste le président de la FSPF, si la profession ne s’était pas mobilisée le 21 novembre. « Le matin de la manifestation, j'ai pu discuter avec le ministre de beaucoup de points qui figurent dans cette lettre », reconnaît-il, satisfait. Il cite les trois axes essentiels repris par le ministre de la Santé : la fragilisation du réseau, la valorisation des actes pharmaceutiques en fonction de la dynamique et non du passé, la financiarisation qui menace le réseau officinal.
Comme son homologue de l’USPO, le président de la FSPF estime qu’il revient désormais aux représentants de la profession de donner un contenu satisfaisant à cet avenant. « À nous de l’écrire ! », déclare-t-il se réjouissant de l’envie de travailler en commun, dans le respect des contraintes des uns et des autres.
De même, l'enveloppe financière, qui n'est pas encore déterminée par les pouvoirs publics, devra évoluer en fonction de la progression des négociations. D'ores et déjà, les syndicats sont formels. La revalorisation des honoraires devra être suffisante pour compenser les effets de l’inflation sur la rentabilité économique de l’officine et permettre de nouveaux investissements. Cependant, l’honoraire à la boîte ne saurait supporter à lui seul le poids de ces revalorisations, comme le met en garde Pierre-Olivier Variot. « Il serait dangereux de miser l'essentiel des revalorisations sur l’honoraire à la boîte au risque, sinon, de déséquilibrer le réseau. »
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