Le marché des cessions reste animé, le nombre d'opérations n’ayant fléchi que de 1 % en 2020, selon l’étude annuelle d’Interfimo*, qui relève 58 % de primo installations parmi les nouvelles acquisitions.
Basé sur des fondamentaux sains, comme le constate Jérôme Capon, directeur du réseau Interfimo, en référence à un chiffre d’affaires en hausse de 2,3 % et à un excédent brut d’exploitation (EBE) qui atteint 12,4 % du chiffre d’affaires (12,6 % en 2019), le marché des cessions a fait fi de la crise sanitaire. On compte 1 503 mutations (cessions de fonds et de parts) contre 1 520 en 2019, soit 900 transactions et 600 cessions de parts. Celles-ci ont augmenté de 5 %, tout particulièrement au sein des pharmacies réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 2 millions d’euros. C’est la preuve que la transmission générationnelle est au rendez-vous, alors que 1 660 titulaires - autant qu'en 2019 - ont pris leur retraite au cours de l'année dernière. Le taux de mutations, qui connaît certes des variations régionales, reste stable, à 73 pour 1 000 officines. Cette constance se retrouve dans le prix moyen des cessions : il équivaut à 6,3 fois l'EBE reconstitué, soit 0,1 point de plus que l’année précédente.
Cependant, il existe d’importantes disparités au sein du réseau. Contre toute attente, les pharmacies des centres commerciaux dont certains ont subi des fermetures administratives pendant les confinements, restent très attractives. Elles se cèdent en moyenne à 7,7 fois l’EBE, soit 0,5 point de plus qu’en 2019, alors qu'à l'autre bout de l’échelle, les officines plus petites, d’un chiffre d’affaires situé entre 1,2 et 1,6 million d’euros, voient leur prix moyen s’infléchir de 0,2 point. Quant aux officines rurales, elles tirent leur épingle du jeu. Ramené au chiffre d’affaires, le prix moyen d’une officine rurale a augmenté de 3 points (80 % du chiffre d’affaires contre 78 % en moyenne nationale). « Un prix correct, signe que l’on peut vivre correctement avec une pharmacie rurale », observe Jérôme Capon.
Cet équilibre reste toutefois fragile. Ces indicateurs ne demandent qu’à être confirmés alors que ce début d’année augure de résultats économiques en berne. Les performances de 2020 en termes de marges et de chiffre d’affaires restent d’autant plus difficiles à reconduire que certaines activités liées à la crise – distribution de masques et réalisation de tests antigéniques - pourraient s’infléchir dans les mois à venir. De même, la vente des médicaments chers, en hausse depuis cinq ans, agit en trompe-l’œil sur le chiffre d'affaires sans dégager de marge en retour. Raison de plus, conseillent les experts, pour tenir compte de l'ensemble de ces paramètres potentiellement éphémères dans la valorisation des officines.
* Étude Interfimo « Prix de cessions des pharmacies Édition 2021 »
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