Le mouvement de grève du 30 mai s’annonce massivement suivi si l’on se fie aux estimations données par les représentants de la profession et les syndicats départementaux. Au niveau national, entre 90 et 95 % des officines devraient baisser le rideau, sans compter les réquisitions.
Le 29 mai, veille de jour de grève, la presse quotidienne régionale s'est fait l’écho du mouvement de protestation des pharmaciens. Une action dont l’ampleur pourrait se rapprocher de la dernière grande opération de mobilisation de la profession, en 2014, et qui aura déjà réussi son premier objectif : informer le grand public sur les difficultés des pharmaciens et les menaces qui planent sur le réseau. Dans l’immense majorité des départements, l’appel à la grève a été très largement entendu.
Ainsi, les 56 officines de la Creuse resteront fermées le 30 mai, sauf réquisitions. Un taux de participation de 98 % est estimé dans le Finistère selon la chambre syndicale des pharmaciens du département. Même engouement dans le Vaucluse où l'Union départementale des syndicats de pharmaciens d'officines prévoit 99 % de grévistes sur un total de 200 officines. Dans la Vienne, le taux de grévistes est de 97 %, soit 135 pharmacies sur 139. En Corse, l’agence régionale de santé annonce que 90 % des officines de Corse-du-Sud et 86 % de celles de Haute-Corse n’ouvriront pas. La chambre syndicale des pharmaciens de Franche-Comté estime que 95 % des pharmacies auront rideau baissé. Le journal « L’Ardennais » confirme de son côté que 90 % des officines des Ardennes garderont volets clos avec, par exemple, une seule pharmacie non gréviste dans la préfecture, Charleville-Mézières. Le taux de participation sera à peine inférieur dans d’autres départements comme l’Yonne (84 %), ou le Maine-et-Loire (75 %). Les départements et régions d’outre-mer ne sont pas en reste, notamment à la Réunion où l’on s’attend à voir 90 % des officines fermées ce jeudi.
Une liste qui n’est, bien sûr, pas exhaustive et ne tient pas compte des officines grévistes qui resteront ouvertes car réquisitionnées par les services de l’État. « Toutes les pharmacies qui sont de garde dans la nuit du jeudi au vendredi le seront aussi pendant la journée du jeudi, précisait ce matin Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), sur « RMC ». Tous les médicaments urgents seront délivrés. Les ARS ont réquisitionné mais nous avions déjà organisé les choses, c’est ce qu’on appelle le service minimum. »
Au niveau national, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), confirme ce matin que « 90 à 95 % » des officinaux ont répondu favorablement à l’appel à la grève du 30 mai. Un mouvement très suivi donc, ce que constatent également les agences régionales de santé même si elles ne disposent pas de chiffres précis, les pharmaciens n’ayant pas l’obligation de les informer s’ils se mettent en grève.
Il existe cependant un endroit en France où la grève des pharmaciens sera bien moins visible qu’ailleurs. À Paris, le nombre de pharmacies fermées sera bien inférieur à la moyenne nationale. « C’est plus compliqué de mobiliser les officinaux dans la capitale, confirme Béatrice Clairaz, titulaire en Île-de-France et présidente déléguée de l’USPO. À Paris, les titulaires ont tendance à regarder si leur confrère d’à-côté va fermer ou non avant de se décider à y aller. Il y a un côté un peu individualiste », analyse-t-elle. La grève n’est toutefois pas le seul moyen qu’emploieront les pharmaciens pour se faire entendre. Dans la capitale, comme dans près d’une quarantaine de villes en France, les officinaux seront aussi présents dans la rue ce 30 mai (voir liste des manifestations organisées partout en France).
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