Sortie hospitalière, HAD, dépistage… Ces difficultés rencontrées par les pharmaciens de métropole sont exacerbées dans les départements d’Outre-mer par l’éloignement et les particularités locales. À tel point que les candidats aux URPS en ont fait leur priorité. « Le diabète et le tabagisme constituent deux axes de prévention majeurs mais on oublie souvent que l’obésité est également un véritable fléau », constate Sabine Lény, tête de liste FSPF dans l’Océan indien, précisant que le seuil d’entrée dans les maladies chroniques se situe à 55 ans.
Raison de plus, estime Laurent Geiger, titulaire à Saint-Denis de La Réunion, pour améliorer le suivi des traitements, en contact avec les familles pour les personnes les plus âgées. « Beaucoup de pharmaciens le font de manière informelle, il faudrait pouvoir donner un cadre à cette intervention. De même, pour la sortie hospitalière. Les patients sont préemptés dès l’hôpital par les prestataires et aucun accompagnement n’est assuré. Il faut absolument contrer ces dérives en instaurant un dispositif de pharmaciens et d’infirmiers référents », expose ce confrère. Il est tête de la liste USPO de l’Océan indien, qui inclut deux pharmaciens mahorais, Mayotte, tout jeune département, ne disposant pas d’URPS propres. Nadi Eid, l’un d’eux insiste sur les spécificités de ce territoire qui induit la très forte implication de ses 23 officines dans le système de soins. « Nous sommes le seul département français où il existe des pharmaciens sentinelles en lien avec Santé publique France », remarque-t-il. Outre la duplication de l’expérimentation sur les maladies cardiovasculaires menées dans les Hauts-de-France, le pharmacien s’est fixé d’autres objectifs, dont l’expérimentation de TROD dans des maladies endémiques comme la dengue. « 80 % de nos pharmaciens sont déjà très impliqués dans les tests de dépistage », déclare-t-il.
Laboratoires d'expérimentations
Bien que concentrés sur les questions de santé publique, les pharmaciens candidats dans les DOM axent également leur programme sur l’économie officinale. Jonathan Duguet, tête de liste USPO en Martinique, accuse ainsi l'accès restreint aux génériques, causé par l’approvisionnement des grossistes, de pénaliser la ROSP. Il dénonce également un octroi de mer supérieur à celui de la Guadeloupe. Les disparités avec la métropole, mais aussi entre ces départements, sont en effet criantes. Léa Donardim, première sur la liste FSPF de la Martinique, revendique ainsi également pour son département une revalorisation du coefficient de LPP – le plus bas des DOM !
S’ils peuvent paraître favorisés sur ces deux questions par rapport à leurs voisins, les pharmaciens candidats guadeloupéens n’en ont pas moins identifié plusieurs actions urgentes. « Les prix de l’OTC sont un véritable sujet, car deux, voire trois fois plus élevés qu’en Métropole, ils sont un frein important à l’automédication pour la population et au rôle de conseil du pharmacien », souligne Abdoulaye Traoré, candidat en pôle position pour l’USPO. De son côté, Jean-Marc Piquion, tête de liste FSPF, promet « d’accompagner au jour le jour les pharmaciens face aux problèmes de santé publique, d’intensifier le travail d’interprofessionnalité, notamment dans la sortie hospitalière, de revoir la gestion des gardes… ».
Mais la Guadeloupe détient également des atouts importants, tient à souligner Abdoulaye Traoré : « grâce à ses composantes démographiques, la Guadeloupe peut jouer le rôle de laboratoire pour les autres départements français. Que ce soit en termes de dépistage, de vaccinations ou de prévention en général, nous pouvons y mener des expérimentations susceptibles d’être déployées à l’échelle nationale. »
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