Au dernier recensement, l’Ordre des médecins a constaté une légère hausse du nombre de médecins en activité en 2023, mais les inégalités territoriales s’accentuent. Pour améliorer l’accès aux soins, le partage des tâches avec les autres professionnels de santé s’invite dans la réflexion, mais pas n’importe comment.
Dans son « Atlas » qui scrute la démographie médicale pour l’année 2023, publié le 2 octobre, l’Ordre des médecins constate « un léger regain » du nombre de ses effectifs en 2023, avec une hausse de 1,4 % (soit 3 272 médecins) en activité et + 0,8 % (soit 1 672 médecins) en activité régulière. « Cette tendance devrait rester modérée avant de s'accélérer dans les années à venir », souligne le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) qui comptait, au 1er janvier 2024, 237 300 médecins en activité.
Pour autant, ces chiffres masquent une réalité plus sévère. Les inégalités territoriales s’aggravent. « Les départements hospitalo-universitaires voient leurs effectifs de médecins augmenter et rajeunir (à quelques exceptions près), tandis que les régions périphériques, où la population est plus âgée, subissent une diminution des effectifs médicaux et un vieillissement de leurs praticiens », explique le CNOM.
De plus, les généralistes, qui représentent 42,7 % des médecins en activité (contre 48 % en 2010), ont perdu 2 % de leurs effectifs lors des 14 dernières années. De quoi peser lourd sur l’organisation des soins de premiers recours ou sur le parcours de soins.
En parallèle, les médecins sont de plus en plus séduits par le salariat. Ils sont aujourd’hui 46 % à avoir choisi ce mode d’exercice, et même 58,2 % chez les moins de 40 ans, mais sont moins nombreux chez les généralistes (35,5 %).
Face à l’augmentation des maladies chroniques et au vieillissement de la population, résoudre la question de l’accès aux soins est donc pressant, et la démographie médicale n’est pas la seule clé. « La légère progression du nombre de médecins ne peut être en effet une solution crédible aux difficultés d’accès aux soins et des difficultés des parcours de soins pendant encore au moins toute la décennie restante des années 2020 », avertit l’Ordre, qui souhaite déjà qu’on évalue précisément les besoins sanitaires et médico-sociaux. « Sans cette évaluation, comment déterminer combien de médecins et autres professionnels de santé former pour répondre aux besoins de la population ? », démontre le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du CNOM en charge de la démographie médicale. Plus de médecins, mais pour quoi faire ? Il s’interroge aussi sur la place du médecin dans le système de santé de demain : « La réflexion sur les délégations de tâches et les transferts de compétences, encore mal définie, est cruciale pour évaluer les besoins en formation. Il est incohérent de fixer des quotas de formation médicale sans cette réflexion préalable. »
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