Pour la première fois de son histoire, la Fédération Internationale Pharmaceutique (FIP) a tenu début septembre son congrès annuel au Cap, en Afrique du Sud. En pharmacie, comme dans bien d’autres domaines, le continent est en pleine évolution, mais la mauvaise organisation des réseaux pharmaceutiques prive la population de nombreux pays de services dont ils auraient pourtant cruellement besoin, en premier lieu les vaccinations. L’Afrique est le continent le plus touché par les épidémies, et concentre en outre, à elle seule, plus de 95 % des cas de paludisme dans le monde.
Des pharmaciens à la tête de programmes de santé publique
Si les pharmaciens sont formés à la vaccination dans de nombreux pays, de même qu’à l’éducation sanitaire et à la prévention, ils manquent trop souvent de vaccins et de matériel, ainsi que du soutien administratif et organisationnel qui leur permettrait de mener leurs missions à bien. La République démocratique du Congo est l’un des pays les plus démunis dans ce domaine, et la vaccination en pharmacie, pourtant encouragée, bute sur l’insuffisance des structures et des équipements. À l’inverse, d’autres pays, comme le Cameroun, le Ghana, le Nigeria ou le Rwanda ont confié avec succès des programmes de santé publique, de prévention et de concertation médicamenteuse à leurs pharmaciens, étroitement intégrés dans les chaînes de santé, mais aussi de secours d’urgence.
Le président de la FIP, l’Australien Paul Sinclair, appelle solennellement tous les pays africains à généraliser la vaccination par les pharmaciens, en les dotant des moyens matériels et humains pour mener à bien ces missions. Le ministre sud africain de la santé, le Dr Aaron Motsoaledi, estime de plus que tous les pharmaciens devraient être formés à la fabrication et la production des vaccins.
Seulement 20 pharmacies au Tchad
Si la démographie pharmaceutique progresse fortement dans de nombreux pays africains, elle se concentre surtout dans les grandes villes, alors que des régions, ou parfois même des pays entiers, constituent des déserts pharmaceutiques au sens le plus littéral du terme. Ainsi par exemple, le Tchad, qui compte 18 millions d’habitants, dispose selon l’OMS de… 20 pharmacies et de 50 pharmaciens, complétés par 150 dépôts de médicaments, sans pharmaciens. Si la France, quatre fois plus peuplée, avait la même densité pharmaceutique, elle compterait… 80 pharmacies et 200 pharmaciens. Avec plus de 22 000 pharmaciens, mais seulement 4 000 officines, le Nigeria, fort il est vrai de 220 millions d’habitants, est à l’inverse, le pays africain qui compte le plus de pharmaciens.
Dans beaucoup de pays, les conditions d’exercice précaire et les faibles rémunérations poussent les pharmaciens à émigrer vers des pays plus attractifs en termes de revenus et d’activité. Ceci réduit parfois à néant les efforts consentis par leurs pays pour les former, surtout quand ils ne possèdent qu’une seule faculté de pharmacie, comme par exemple la Sierra Leone. En outre, les contrefaçons et l’exercice illégal font des ravages dans beaucoup de pays, mal armés pour lutter contre eux.
Organisés chaque année sur un autre continent, les congrès de la FIP permettent de promouvoir les idéaux et les bonnes pratiques de la profession à travers la planète. Après l’Australie en 2023 et l’Afrique cette année, les pharmaciens du monde entier se retrouveront à Copenhague (Danemark) en septembre 2025.
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