À l’heure de l’emprise croissante de la financiarisation sur le réseau officinal, Dominique Pautrat, président du directoire de la coopérative Welcoop, et Jean-Pierre Dosdat, président du conseil de surveillance, défendent ardemment le modèle coopératif. Selon eux, l’adhésion à un groupement coopératif tel qu’Objectif Pharma et à ses enseignes, Wellpharma et Anton & Willem*, est et doit rester attractive et différenciante pour les pharmaciens titulaires.
Dans ce but, la coopérative Wellcoop entend apporter activement sa contribution pour aider les officinaux à réorienter leur stratégie en faveur du patient, selon des enjeux de santé publique. À l’heure actuelle, l’un des premiers défis à relever est la prise en charge d’une population dont 20 % a plus de 65 ans aujourd’hui et qui, demain, sera pour moitié constituée de personnes de plus de 75 ans. Face à ces perspectives, la coopérative Wellcoop déploie l’écosystème de ses filiales pour offrir des réponses concrètes à cette transition démographique. La prévention des chutes chez la personne âgée est le premier programme élaboré par Wellcoop et ses filiales.
Un audit par le pharmacien
Initié tout d’abord par le gouvernement, un plan antichute a pris plus de deux ans de retard dans son application. L’objectif ambitieux était de réduire de 20 % les quelque 2 millions de chutes annuelles, à l’origine de 10 000 décès, de 130 000 hospitalisations par an et de plus de deux milliards d’euros de coûts pour l’assurance-maladie. Wellcoop s’est donc saisi de cette initiative pour agir, à son niveau, dans la prévention des chutes des séniors. Une position quelque peu à contrecourant des résultats obtenus par le sondage mené par Ifop à la demande de Wellcoop (voir ci-dessous). Professionnel de santé familier des personnes âgées, le pharmacien n’est pourtant pas perçu naturellement comme un acteur du bien vieillir. Le pharmacien n’apparaît en effet pas parmi les principaux interlocuteurs de la personne âgée et de son entourage dans les mesures de prévention, le diagnostic ou encore l’équipement du domicile du senior.
Dénommé « Votre pharmacien ne vous laisse pas tomber », le programme proposé par Wellcop va donc s’évertuer à contrer ces idées reçues et, surtout, à rendre le pharmacien incontournable dans l’accompagnement du vieillissement à domicile et en bonne santé. L’officine en a toute légitimité, insiste Jean-Pierre Dosdat : « Qui mieux que le pharmacien connaît le mieux ces patients ? À travers sa connaissance de la dispensation et du mode de vie, il dispose d’informations primordiales pour identifier ces populations sensibles aux chutes, pour juger du degré d’autonomie et pour accompagner ces personnes à domicile. »
Détecter les facteurs de chute
Le programme va par conséquent consister, à travers un audit du pharmacien, à repérer les risques de chute potentielle - tant en fonction du traitement d’un patient polymédiqué que de la configuration de son logement - et à couvrir la totalité des besoins de la personne âgée à domicile. Celle-ci sera tout d’abord identifiée grâce au LGO ID qui, à travers un questionnaire, détectera les facteurs de chute et, par conséquent, les critères déclencheurs du programme. « L’officine va se trouver au cœur d’un dispositif auquel contribuent les autres filiales de notre groupe : D Medica pour les matériels de maintien à domicile, la marque Noviacare pour la box de téléassistance, Multimeds pour le pilulier sécurisé ou encore l’enseigne Wellpharma pour le positionnement prévention et l’éducation à la santé », décline-t-il, annonçant le déploiement national de ce programme dans les 105 pharmacies Wellpharma, après une phase d’expérimentation depuis le début de l’année auprès de 67 adhérents sous cette enseigne.
Éviter 400 000 chutes par an
Il ressort de ce premier bilan qu’entre 15 et 20 audits ont pu être réalisés en un an dans chaque officine, chaque audit générant un chiffre d’affaires supplémentaire de 650 euros. Parallèlement, les actions menées auprès de ces 628 « profils à risque » et l'équipement de 456 patients ont généré une économie de 4,56 millions d'euros pour le système de santé. « Parallèlement, ces officines ont pu enregistrer une hausse de 42 % de leur chiffre d’affaires en MAD et dégager une marge nette de 30 % sur ces activités », précise Dominique Pautrat. Mais l’impact économique est plus important encore soulignent les deux dirigeants. Car, en assurant le maintien à domicile de son patient, le pharmacien garantit également la pérennité de sa clientèle.
Désormais, le groupe Wellcoop a d’autres ambitions pour ce programme « à l’enjeu sociétal fort ». Il compte le partager avec d’autres groupements coopératifs comme lui. Et vise même à obtenir l’inscription du « bien vieillir à domicile » au rang des (futures) nouvelles missions du pharmacien. Selon les projections de Wellcoop, si toutes les officines françaises adoptaient ce plan, 400 000 chutes pourraient être évitées chaque année !
* 500 adhérents pour Objectif Pharma, 105 pharmacies sous enseigne Wellpharma et 75 sous l'enseigne Anton&Willem
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