Le Quotidien du pharmacien.- Pharmacien à Amboise, vous appartenez à l'une des plus anciennes CPTS de France. Comment cette structure a-t-elle répondu à la crise du Covid-19 ?
Gilles Conan.- Parce que nous nous connaissions et avions l’habitude de communiquer au sein de la CPTS, nous avons pu mettre en place très rapidement une chaîne d’entraides entre professionnels de santé, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en masques et en SHA.
Grâce à cette interconnexion, il a également été possible de monter un centre d’accueil Covid dans des conditions tout à fait informelles, dans un local désaffecté et de le rendre opérationnel en un temps record de 5 jours pour la prise en charge des patients Covid. Dans le même esprit, nous avons organisé le suivi de ces patients avec un planning de rappels téléphoniques post-consultation. Nous avons réalisé tout cela très rapidement grâce au noyau fort de la CPTS.
Le « jour d’après » voit-il un regain d’intérêt pour les CPTS ?
Les actions que nous avons menées ont surmotivé les professionnels de santé qui étaient déjà intégrés. La période Covid a joué comme un catalyseur et amplifié les vertus d’une CPTS. Outre les professionnels de santé que l’on a aidés et qui se montrent reconnaissants, la crise en a également motivé d’autres à nous rejoindre avec de nouvelles idées. Par ailleurs, nous avons obtenu définitivement la reconnaissance des pouvoirs publics. À titre d’exemple, notre CPTS a été conviée pour représenter les professionnels de santé à un bilan sur le déconfinement organisé par la sous-préfecture.
Le président de la République avait cité pour objectif le nombre de 1 000 CPTS en 2022. Ce cap sera-t-il atteint ?
Il est clair que les pharmaciens ont tout intérêt à s’associer le plus rapidement possible à une CPTS. Ceux qui resteront en dehors risquent, à terme, d’être intégrés de force dans un territoire qui ne leur conviendra pas forcément. L’idéal est de pouvoir définir soi-même le territoire dans lequel on veut formuler un projet de santé en cohérence avec les besoins de la population locale et les flux réels des patients (hôpital, spécialistes). La question n’est pas de punir les pharmaciens et de manière générale, les professionnels de santé, qui n’appartiendraient pas à une CPTS. L’interprofessionnalité ne doit pas se faire sous la contrainte. Il faut motiver à la création de CPTS et inciter les professionnels de santé à entrer dans cette organisation du parcours de soins dans l'intérêt des professionnels et des patients.
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