Début mai, Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, déclarait s’attendre « à une recommandation forte en faveur d’une dose de rappel supplémentaire avant l’automne pour les plus de 60 ans », sans s’avancer sur les populations plus jeunes. C’est aussi l’avis de l’EMA qui, le 5 mai, estimait que des vaccins adaptés à partir de ceux déjà sur le marché pourraient faire l’objet d’une approbation en septembre prochain « au plus tard », de façon à « être prêt à lancer la campagne de vaccination dans l’Union européenne en octobre ». Sous-entendu : la campagne de rappel à l’automne est une évidence.
L’une des pistes étudiées par les fabricants de vaccins à ARNm commercialisés, Pfizer-BioNTech et Moderna, est le développement d’un vaccin à partir de plusieurs souches du SARS-CoV-2, dans le but d’être plus performants face aux variants les plus récents, notamment Omicron et ses sous-variants. Selon une annonce de Moderna le 19 avril dernier, les essais sur son vaccin Spikevax, qui cible la souche ancestrale du SARS-CoV-2, auquel a été ajoutée une souche intégrant neuf mutations de la protéine Spike du variant Bêta dont quatre sont communes à Omicron, sont concluants. Prépubliés sur « Research Square », les résultats affichent « une supériorité contre les variants Bêta, Delta et Omicron un mois après administration » pour ce vaccin bivalent (ARNm-1273.211) versus Spikevax d’origine, supériorité maintenue à 6 mois pour Bêta et Omicron.
Recherche d'une protection améliorée
Une autre étude est en cours chez Moderna pour un vaccin associant la souche ancestrale et le variant Omicron, dont les résultats sont attendus d’ici à fin juin. Le laboratoire ne cache pas son objectif d’être fin prêt pour proposer un rappel vaccinal adapté à l’automne. Parmi les critères de validation mis en avant par l’EMA concernant ces vaccins adaptés, Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale, cite la nécessité que ces vaccins puissent être injectés à tous les adultes, qu’ils aient été vaccinés, avec ou sans rappel, ou pas du tout.
Outre ces vaccins adaptés attendus à l’automne, l’EMA accompagne « chercheurs et industriels pour aller vers une 2e génération de vaccins (…) qui offrira une protection plus large et plus longue » que ceux qui sont actuellement proposés. Marco Cavaleri cite plusieurs exemples de vaccins de 2e génération en cours d’étude : « Il y a ceux qui visent à protéger contre plusieurs groupes de variants du SARS-CoV-2, ceux qui cherchent à offrir une protection contre la large famille des coronavirus, ceux qui veulent protéger à la fois contre l’infection et la transmission, et enfin ceux qui travaillent à un vaccin combiné, par exemple contre le Covid et la grippe. » Des pistes de recherche intéressantes mais qui ne devraient pas aboutir avant l’an prochain, selon l’EMA, qui précise que le principal objectif à atteindre pour cette 2e génération de vaccins est d’offrir une protection significativement plus longue.
Évaluation en temps réel
Dans l’attente des vaccins adaptés en septembre, puis d’une nouvelle génération de vaccins en 2023, l’EMA poursuit ses évaluations en temps réel. Elle vient ainsi de recevoir la toute première demande d’approbation pour un vaccin anti-Covid dédié aux enfants de 6 mois à 5 ans, émanant de Moderna, et a lancé son évaluation. Elle poursuit également son évaluation en lien avec les demandes d’approbation des vaccins de Valneva et de Sanofi-GSK. Plus tôt en 2022, l’EMA avait estimé qu’elle serait en capacité de rendre une décision « à Pâques au plus tôt ». Selon Marco Cavaleri, Sanofi travaille en parallèle à « un booster adapté » pour la campagne vaccinale d’automnen, mais il prédit que l’EMA ne pourra pas se prononcer sur ce produit avant juillet prochain.
L’agence étudie aussi la demande d’AMM du booster espagnol Hipra, un vaccin protéique destiné aux adultes déjà entièrement vaccinés et dont les études préliminaires suggèrent une efficacité contre Omicron. Elle évalue, en outre, une demande d’AMM pour Nuvaxovid, de Novavax, chez les 12-17 ans, ainsi qu’une application de Vaxzevria, d’AstraZeneca, en tant que booster chez les 18 ans et plus. Enfin, précise-t-elle, rien n’a changé concernant le vaccin Sputnik V, les demandes de données complémentaires envoyées au fabricant russe étant restées, à ce jour, lettre morte.
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