La revalorisation des rémunérations des pharmaciens proposée par l’assurance-maladie lors des négociations conventionnelles n’est pas non plus à la hauteur des attentes de la Fédération de syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Mais ne pas signer la convention, c’est condamner davantage de pharmacies rurales.
Signer ou ne pas signer ? Au sortir de la réunion multilatérale avec l’assurance-maladie consacrée à l’avenant économique de la convention pharmaceutique, ce 14 mai, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) est dans l’expectative. En effet, bien qu’elle soit « intéressante », selon son président Philippe Besset, la proposition de l’assurance-maladie reste « insuffisante ».
Au total, en additionnant les revalorisations de quelques honoraires de dispensation, des gardes de nuit, des bilans partagés de médication, l’ajout d’un entretien court opioïdes à 5 euros et de nouvelles rémunérations sur objectifs de santé publique (ROSP vaccin, ROSP exceptionnelles pour la mise en place de nouvelles missions…), ou encore la prescription des antibiotiques pour une cystite ou une angine à 15 euros, l’assurance-maladie met sur la table une enveloppe qu’elle estime à 7,918 milliards d’euros, soit 1,128 milliard d’euros de rémunération supplémentaire pour le réseau par rapport à 2019 (année de référence)… mais à horizon 2027. Pour 2025, il faudra compter sur 734 millions d’euros de plus. La FSPF demandait 1 milliard d’euros de rémunération supplémentaire dès 2025. Des chiffres à comparer aux projections de la CNAM sans la signature de l’avenant : avec la seule conjoncture naturelle (démographie, âge des populations…), le réseau bénéficierait pour 2025 d’une hausse de rémunération de 670 millions d’euros par rapport à 2019. La CNAM propose aussi une clause de revoyure en juin 2026.
Reste que « le budget qui est sur la table ne permet pas de financer toutes les officines », regrette Philippe Besset, qui est confronté à un dilemme : « Si on ne signe pas cette convention, les pharmacies rurales n’auront pas 20 000 euros d’aides en début d’année. L’ensemble des dispositifs positifs de la convention ne pourront pas être mis en place. Toute la démarche positive qui est en route ne pourra pas être mise en place. »
Parmi ces mesures positives, une aide jusqu’à 20 000 euros par an pour des officines seules au village, dans des zones de désertification médicale, avec un chiffre d’affaires inférieur au seuil nécessitant un pharmacien adjoint. Selon Philippe Besset, 1 000 à 2 000 officines sont concernées. Pour accompagner le dispositif, l’assurance-maladie lance un nouvel observatoire conventionnel, l’observatoire de réseau officinal, chargé de détecter les officines fragiles au niveau départemental. « Il faut que ça se mette en place le plus tôt possible. On n’a pas de temps à perdre », lance Philippe Besset.
En résumé : « Si on ne prend pas ce qu’il y a sur la table, des centaines de pharmacies supplémentaires vont fermer, de notre responsabilité », explique Philippe Besset.
La FSPF participera elle aussi au mouvement de mobilisation du 30 mai, jour où les pharmaciens sont appelés à baisser le rideau. « Nous avons fait le choix de proposer une signature de combat, c’est-à-dire d’aller au bout, d’essayer de convaincre par tous les moyens, à la fois les pouvoirs publics et l’assurance-maladie, de l’impérieuse nécessité d’aller plus loin dans les revalorisations pour permettre au maximum de pharmacies de rester, d’obtenir une revoyure pour continuer le combat et de prendre ce qu’il y aura sur la table. » Un moyen de pression pour que l’assurance-maladie revoie sa copie à la hausse.
Philippe Besset, qui avait un mandat de son syndicat pour une enveloppe de 7,8 milliards d’euros en 2025, a présenté une contre-proposition à l’assurance-maladie, qui reviendra vers le syndicat en début de semaine prochaine. De plus, les syndicats de la profession ont rendez-vous à Matignon le 23 mai.
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