Alors que le texte du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) est étudié par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale jusqu'à mercredi, la colère des pharmaciens ne se tarit pas. En cause, l'article 30 qui prévoit un appel d'offres sur les génériques.
Bien que le gouvernement ait revu à la baisse ses intentions et réduit – pour l'heure - le périmètre de la mesure à une expérimentation, le mouvement de protestation des officinaux continue à s'amplifier. À tel point que Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) n'a pas exclu ce week-end, lors du congrès Giropharm (à Antibes), un mouvement gradué à partir du 13 octobre.
Présent au congrès Pharmactiv (à Athènes) ce week-end, Hubert Olivier, PDG d'OCP et président de la CSRP, a déclaré que les répartiteurs se mobiliseraient aux côtés des pharmaciens si ceux-ci venaient à organiser un mouvement pour protester contre l'article 30 du PLFSS. « Les répartiteurs mettront à disposition des pharmacies dans les caisses de livraison des affiches reprenant des éléments de communication à l'intention des patients », a précisé Hubert Olivier. Cette information devrait s'appuyer sur les trois principaux motifs de protestation de la profession. L'introduction d'un appel d'offres sur les génériques n'est pas une garantie contre les ruptures d'approvisionnement. Bien au contraire, elle est source de désindustrialisation, de pertes d'emplois dans l'industrie pharmaceutique en France et elle risque de déstabiliser le traitement des patients chroniques.
Toujours au congrès Pharmactiv, Grégory Moses (directeur de la business unit Pharmacie chez Viatris) et Foulques Le Tarnec (directeur grands comptes ville chez Biogaran) ont alerté sur les conséquences graves de l'article 30. Ils prédisent la fermeture d'unités de production en France si un tel dispositif venait à être appliqué. Avec à la clé, la perte de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects. Car pour répondre à de tels appels d'offres et rester compétitifs, les génériqueurs produisant sur le sol français n'auront d'autres choix que de délocaliser. « L'État doit-il vraiment prendre ce risque pour baisser le prix d'un antihypertenseur à moins de 10 centimes ? L'opération lui coûtera au final plus cher. Ne devrait-il pas plutôt rechercher des économies en actionnant d'autres leviers, comme les biosimilaires ? », se sont interrogés les génériqueurs face aux pharmaciens adhérents de Pharmactiv.
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