La profession de pharmacien a la chance d’être protégée par son maillage territorial efficient malgré la baisse des officines croissante. Un jeune pharmacien n’a plus les mêmes contraintes financières d’installation qu’avant. De nombreux organismes proposent des offres attractives pour permettre à ces jeunes de s’installer plus rapidement. Être indépendant, chef de sa propre entreprise à travers le titulariat d’officine, peut être très attrayant pour beaucoup de jeunes diplômés ou pharmaciens.
Mais au nom de quoi ?
Ces offres qui apparaissent de prime abord alléchantes deviennent rapidement un calvaire pour beaucoup d’entre eux. Cette institution dirigeante chapotant les pharmacies empêche les pharmaciens de réfléchir selon les souhaits des patients en imposant une politique financière du profit à tout prix. Les membres de ces entreprises sont pour la plupart éloignés des réalités de terrain et pensent en professionnels de santé avant tout.
Depuis plusieurs années, nous faisons le constat dans notre réseau de la montée en puissance de certains groupements qui viennent alpaguer les étudiants dès leur sortie d’études. La faute à qui ?
De nombreux étudiants sortent avec cette envie d’installation rapide et tombent rapidement sous les dettes ou deviennent complètement dépendants de ces montages financiers tels que les OCA (obligations convertibles en actions) profitant de la naïveté de certains jeunes par manque de formation sur la gestion d’entreprise. Nous constatons que les OCA ne respectent absolument pas le CSP (code de la santé publique) mais nous ne pouvons mettre en place des contrôles actuellement.
En tant que représentants des étudiants en pharmacie, nous avons pu analyser, interroger, regarder les offres qui pourraient être proposées pour les futurs diplômés. Le constat est inquiétant.
Ces pratiques ne sont pas condamnées de tous car elles permettent aux pharmaciens partant à la retraire de vendre à un prix supérieur et aux jeunes d’avoir accès au titulariat. D’autres mêmes proposent enfin des solutions durables et éthiques avec un accompagnement personnalisé de ces jeunes.
À l’heure où nous sommes en pleine révision de la loi santé au sénat, des amendements proposés par des professionnels de santé dont des pharmaciens sont à l’opposé de ce que veulent les jeunes : ouverture du capital, expérimentation de vente en GMS, financiarisation extérieure etc. Les politiques ont-ils oublié que nous nous battons pour que le patient soit au centre du système de santé ?
Nos forces sont notre maillage territorial, notre indépendance pharmaceutique et la mise en place de collaborations interprofessionnels qui ne font que grandir et sont de bon augure pour l’avenir de la santé.
Nous sommes étudiants certes mais nous souhaitons tirer la sonnette d’alarme et mettre en garde les jeunes qui souhaitent s’installer sur la nécessité de rester vigilants et de ne pas se lancer à l’aveugle dans ce type de projet car ils ont rencontré un recruteur exposant des propositions d’achats qui paraissent alléchantes en théorie mais catastrophiques pour certains en pratique.
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