Partis politiques et organisations diverses ont eu leur université d’été. Les étudiants en pharmacie font eux, leur rentrée sous le signe de l’assemblée générale de l’ANEPF*. L’événement réunit à Limoges les 11, 12 et 13 septembre, 350 représentants des 33 000 étudiants en pharmacie de France.
Instance unique dans l’Hexagone, l’ANEPF fédère l’ensemble des associations d’étudiants en pharmacie. Le choix résolument professionnel du thème central de cette assemblée générale (voir encadré) montre à quel point les pharmaciens de demain sont sensibles aux enjeux actuels de la pratique professionnelle. Ce qui n’empêche pas cette génération d’aborder l’ensemble des thèmes qui font l’actualité - grande conférence de santé, projet de loi de santé et projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2016 - tout comme les dossiers qui concernent directement la vie universitaire.
Fin de la PACES et du numerus clausus
Bien qu’en mode « multitâches », les représentants étudiants ont le souci d’acquérir une expertise dans des dossiers souvent complexes. Celle-ci leur sera plus qu’utile, tant les champs d’intervention dépassent le périmètre des amphis. Il est question d’enjeux politiques comme la réforme, ou plutôt « la sortie » de la PACES, alors que ce dispositif de sélection des étudiants n’a pas fait ses preuves, agissant même le plus souvent au détriment des études de pharmacie. Plusieurs alternatives à la PACES sont évoquées au sein de la Conférence de santé. Parmi elles, la création d’une licence santé. Pour l’heure, l’ANEPF ne s’est pas encore prononcée sur cette option. « Nous suivons de très près les expérimentations en cours et attendons leurs évaluations avant de prendre position », expose Anne Decagny, vice-présidente chargée de l’enseignement supérieur, ajoutant qu’une réforme du numerus clausus s’impose également. « Il s’agit d’un système fermé qui n’est plus adapté aux réalités de la mobilité en Europe », relaie Nassim Mekeddem, président de l’association.
Harmonisation nécessaire
Observateurs attentifs, les étudiants sont bien décidés à être aussi, les acteurs de ces changements. C’est dans cet esprit qu’ils participent à la Conférence de santé. Ils affirment toutefois ne pas vouloir « aller au conflit », mais s’inscrire dans une démarche collaborative pour trouver des solutions, en concertation avec les différentes instances, au premier rang desquelles, la conférence des doyens. Celle-ci est l’interlocuteur privilégié pour les questions portant sur le contenu des études, et notamment le Certificat de synthèse pharmaceutique (CSP). « Le besoin d’une harmonisation dans le format de l’examen se fait ressentir. Les modalités de l’évaluation divergent d’une fac à l’autre, certaines optent pour l’oral, d’autres pour l’écrit », indique Anne Decagny. L’ANEPF prévoit d’ébaucher à Limoges une proposition visant à homogénéiser les conditions de cet examen et qui devrait être soumise à la conférence des doyens cet automne.
Les élus de l’ANEPF sont également force de proposition dans la révision du certificat d’éducation thérapeutique. Placé sous l’égide des ARS et des facultés missionnées pour en définir le contenu, il souffre, selon l’association étudiante, d’un manque de coordination et gagnerait à bénéficier d’une plus grande uniformité sur l’ensemble du territoire.
Un engagement étudiant reconnu
Égalitaires, les étudiants le sont également en ce qui concerne leurs conditions de vie. Le « Grand entretien », enquête réalisée par l’ANEPF du 24 avril au 15 juillet 2014, et dont les conclusions ont été publiées en mai dernier (voir « Le Quotidien du Pharmacien » N° 3177), avait mis en évidence un certain nombre de difficultés sociales. Face à ce constat, le nouveau bureau de l’ANEPF a immédiatement créé un poste de chargé de mission des affaires sociales. Les actions concrètes ne se sont pas fait attendre. « Nous avons réalisé un guide de l’étudiant stagiaire afin de l’informer de ses droits, notamment salariaux, et des revalorisations auxquelles il peut prétendre », annonce Nassim Mekeddem.
De même, l’ANEPF rejoint les autres fédérations étudiantes et notamment la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), pour revendiquer une prise en charge des étudiants n’ayant pas accès à la santé. « Nous réclamons l’émergence de vrais centres de santé universitaires avec de vraies consultations médicales », déclare Nassim Mekeddem, annonçant des actions de santé publique dans la prévention du cancer, des MST et des addictions, à l’échelle de chaque faculté.
Toujours dans le souci d’optimiser le bien-être des étudiants, et par conséquent les facteurs de réussite des études, l’ANEPF a inscrit à sa « to do list », l’adaptation du cursus aux étudiants à différents statuts (maladie, grossesse, handicap, travailleur) ainsi que la reconnaissance et la valorisation de l’engagement étudiant (bénévolat, séjour à l’étranger).
Les étudiants se veulent plus impliqués dans la vraie vie, à l’image de ce qu’ils souhaitent également pour la pédagogie de leurs études. « Nous aimerions avoir davantage de pratique, plus de travaux de groupe, de mises en situation », énumère Nassim Mekeddem, sans remettre en cause le sérieux de ses condisciples et la compétence des enseignants.
Les élus de l’ANEPF ont également décidé de faire la promotion de leur filière trop souvent méconnue puisque, comme le rappelle Nassim Mekeddem, « 80 % des lycéens ignorent tout de la pharmacie et de ses débouchés ». Des futurs diplômés engagés iront représenter la profession dans les salons étudiants et soutiendront les premières années en PACES. Reste à former au tutorat ces pharmaciens de demain qui croient en l’avenir de la profession.
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