Comme la France, le Canada est confronté à une embolisation chronique de ses services hospitaliers d'urgence. Mais alors qu'ils seront prochainement autorisés à prendre en charge treize maladies ou affections bénignes, les pharmaciens de l'Ontario souhaitent un élargissement plus important de leurs domaines d'intervention.
Le Canada a toujours été fer de lance dans les nouvelles missions du pharmacien. L'Hexagone s'est largement inspiré de cet exemple pour faire évoluer le rôle des officinaux. Au cours des dernières années, les pharmaciens québécois n'ont eu de cesse de revendiquer un élargissement de leurs pouvoirs de prescription. C'est désormais au tour de leurs confrères de l'Ontario de réclamer davantage de prérogatives en matière de prise en charge de soins non-programmés. Ils appuient leurs demandes sur les missions accomplies tout au long de la crise sanitaire pendant laquelle ils ont, comme en France et dans bien d'autres pays, testé et vacciné.
Le législateur a accédé à une partie de leurs souhaits puisque dès janvier 2023, les pharmaciens de cette province pourront prescrire des médicaments pour les 13 affections mineures suivantes : rhinite allergique, candidose buccale, conjonctivite (bactérienne, allergique et virale), dermatite (eczéma, allergique et de contact), dysménorrhée, reflux gastro-œsophagien, hémorroïdes, herpès labial, impétigo, piqûres d'insectes et urticaire, piqûres de tiques et prophylaxie post-exposition de la maladie de Lyme, entorses et foulures musculo-squelettiques ainsi qu’infection des voies urinaires.
Une liste qui n'est pas sans rappeler les 13 symptômes identifiés par le dispositif OsyS. Cette expérimentation menée en Bretagne sous l'égide Pharma Système Qualité et des URPS autorise une cinquantaine de pharmaciens à prendre en charge des patients en première intention. Et à réduire par là même le nombre de consultations médicales et de passages aux urgences inappropriés en intégrant et en valorisant financièrement le conseil pharmaceutique.
Pour les officinaux ontariens, cependant, leur gouvernement ne va pas assez loin. Selon l'Association des pharmaciens de l'Ontario (OPA), citée par Radio Canada, cette liste constitue certes une première étape mais elle ne suffira pas compenser les difficultés d'un système de santé mis à rude épreuve. Sur les ondes de Radio Canada, Lisa Dolovich, doyenne de la faculté de pharmacie Leslie Dan de l'Université de Toronto affirme que « les pharmaciens devraient être en mesure d'aider à combler ces lacunes dans les soins ». Les pharmaciens interrogés souhaiteraient par exemple pouvoir prendre en charge le zona, effectuer le suivi de l’ostéoporose ou encore prescrire le Paxlovid.
D'une rive à l'autre de l'Atlantique, les aspirations des officinaux diffèrent finalement peu les unes des autres. Et les problématiques d'accès aux soins sont similaires. Afin de passer le cap de l'été – et désengorger les urgences-, le gouvernement français a mis en place à titre dérogatoire six protocoles de soins non programmés dont quatre d’entre eux concernent directement le pharmacien pourvu qu'il soit intégré à une communauté professionnelle de territoire en santé (CPTS).
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