Le Quotidien du pharmacien. - La semaine européenne de la vaccination a mis l’accent sur le « aller vers ». Chez les personnes âgées, pour qui les rendez-vous vaccinaux sont nombreux, quelles sont les vaccinations à réaliser en priorité et pourquoi ?
Pr Gaetan Gavazzi. – Toutes les vaccinations sont importantes. Les infections sont responsables d'un fardeau immense. Regardez les pics de surmortalité hivernaux : elles concernent en fait les aînés ou nos « très aînés ». Mais si on regarde les vaccinations qui doivent être prioritaires par rapport au bénéfice/risque et au risque infectieux actuel, le plus important, c’est la vaccination contre les pathologies infectieuses respiratoires, avec la grippe en premier lieu, la maladie à pneumocoques et le Covid-19. Il y a aussi le virus respiratoire syncytial (VRS) dont le vaccin devrait arriver et qui est actuellement en évaluation à la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS). La vaccination contre le zona a aussi son importance pour son intérêt sur la qualité de vie et on dispose, normalement à partir de cette année, d’un vaccin très efficace. Quant à la vaccination DTP coqueluche, les incidences des maladies sont faibles et les rappels sont à effectuer tous les 10 ans : c’est plus facile à faire. En fait, il faut penser au calendrier vaccinal tout au long de la vie en incluant les personnes âgées qui paient le plus lourd tribut.
Les dernières campagnes de vaccination contre la grippe et le Covid-19 n’ont pas été un franc succès. Comment convaincre les patients et leur entourage ?
La question n’est pas de convaincre, il faut motiver les gens et pour cela, il faut des organisations prévues pour. En France, notre politique de prévention n’est basée sur rien : on émet des recommandations, on vous dit quels vaccins sont disponibles et débrouillez-vous avec ça. Cela fait des décennies qu'on sait que ça ne fonctionne pas, en particulier pour les personnes qui ont le moins d'accès aux soins et qui sont les plus à risque. Il faut une organisation pour informer et motiver les personnes, et quand elles sont motivées, faire en sorte que les vaccins soient disponibles. Quand on fait une vraie campagne de vaccination, ça marche. Regardez lors du Covid-19 : on a mis en place une organisation avec les professionnels de santé, l’assurance-maladie et les industriels et on est passé d’une couverture vaccinale de 0 % à plus de 90 %, y compris chez les personnes âgées. Et aujourd’hui la couverture vaccinale est à peine de 30 %. Il n’y a aucune politique vaccinale en France. Il y a une politique de recommandations. On parle de prévention, mais on n’en fait pas. Aucun moyen local n'est mis en place pour dépasser et lever les freins à une vaccination.
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