Auditionné ce matin par la commission des affaires sociales du Sénat, Jean-François Delfraissy, président à la fois du Conseil scientifique Covid-19 et du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE), appelle l’ensemble de la population au « bon sens » lors des fêtes de fin d’année et préconise un dépistage généralisé avant de se retrouver. Un message qui risque de provoquer un afflux en officine les jours précédents Noël.
Interrogé sur la situation sanitaire, le Pr Delfraissy estime qu’il faut « s’habituer à l’arrivée de variants successifs ». Face au Delta, responsable de la 5e vague, les armes restent identiques et efficaces : vaccination, gestes barrières et mesures de bon sens à l’approche des fêtes de fin d’année. Le Conseil scientifique s’apprête d’ailleurs à publier un avis intitulé « Fêtes de fin d'année, cinquième vague, variant Omicron : comment concilier enjeux sanitaires et sociétaux ? », annonce-t-il. Si les retrouvailles familiales et amicales pourront bien avoir lieu, il faut raison garder car le niveau de transmission de Delta est beaucoup plus élevé que ses prédécesseurs. Les mots d’ordre ? Vaccination, limitation du nombre de convives, protection des plus fragiles et dépistage. « Il faut faire un test antigénique le vendredi avant Noël, ou un autotest le samedi avant d’aller déjeuner en famille. Il faut une utilisation très large des tests diagnostiques, d’autant qu’ils sont pris en charge pour les personnes vaccinées, donc pour une très large part de la population, et je rappelle que ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on ne peut pas transmettre. »
Un message fort qui suivait un plaidoyer en faveur de la vaccination, sans laquelle « on n’en serait pas là » et qui permet notamment de contenir la pression hospitalière. « Au prix des efforts personnels de chacun et de l’accélération de la campagne de rappel, on peut tenir à l’hôpital mais il y aura des situations difficiles dans certaines régions », prédit Jean-François Delfraissy. Une campagne de rappel qui vise 26 millions de personnes à fin janvier pour obtenir « une protection individuelle et populationnelle » grâce à l’effet booster qui « multiplie par 7 à 10 la réponse immunitaire » et dont l’effet protecteur est presque immédiat. « Je le redis, je compte beaucoup sur les pharmaciens, ces agents de santé au niveau local qui ont un respect profond des populations », ajoute le Pr Delfraissy. Des propos salués par les sénateurs Daniel Chasseing et Corinne Imbert qui rappellent notamment que les équipes officinales sont épuisées car « sollicitées sans filtre, en direct, à longueur de journée » depuis une vingtaine de mois.
Une campagne qui doit aussi viser les professionnels de santé. Car, déplore Jean-François Delfraissy, seuls 30 % des personnels des établissements hospitaliers et médico-sociaux ont reçu leur dose de rappel. Et qui doit utiliser toutes les doses vaccinales disponibles, que ce soit le vaccin de Pfizer ou celui de Moderna, a-t-il martelé. Quant à la question d’une 4e dose à venir, l’immunologiste ne peut encore y répondre. « Je ne sais pas combien de temps va durer l’efficacité de la 3e dose. Il est possible que nous ayons besoin à un moment donné d’une 4e dose. Mais il est aussi possible, compte tenu du facteur de 7 à 10 du boost donné par la 3e dose, qu’il soit durable dans le temps. »
Quant à la vaccination des 5-11 ans, Jean-François Delfraissy recommande, avec le Conseil scientifique, d’ouvrir la vaccination sans obligation et surtout qu’elle ne soit pas soumise à un « passe sanitaire enfants ». L’avis du CCNE, qu’il préside également, ne sera pas connu avant huit jours, tout comme celui de la Haute Autorité de santé (HAS), attendu « dans une dizaine de jours ». De son côté, le Conseil d’orientation de stratégie vaccinale présidé par Alain Fischer « recommande la vaccination mais préconise d’attendre les données les données de toxicité en vie réelle aux États-Unis où la vaccination de cette tranche d’âge a commencé il y a trois semaines », une prudence validée par le Pr Delfraissy.
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