L’avocate des parents du jeune Owen, percuté mortellement par une automobiliste sous Zolpidem, a annoncé son intention de poursuivre le médecin et les deux pharmaciens qui ont prescrit et délivré le traitement. Une procédure à valeur d'exemple qui, espère-t-elle, alertera les ordres professionnels.
Le procès à Brest d'une septuagénaire impliquée dans un accident de voiture mortel s'est clos le 3 juillet sur une condamnation à deux ans de prison dont six mois ferme. Cette affaire, où la prévenue avait été poursuivie pour avoir tué par un après-midi de juin 2012, Owen, un jeune cycliste de 14 ans, alors qu’elle conduisait sous l’effet de plusieurs médicaments de classe 2 et 3, dont différentes benzodiazépines et du Zolpidem, n’a pas seulement marqué l’opinion publique par la froideur de l’automobiliste qui n’a jamais exprimé de remords. Ce procès relance également le débat sur la conduite automobile sous l’effet de médicaments pourtant classés dangereux et signalés par des pictogrammes.
Or 0,14 mg/l de Zolpidem avait été relevé dans le sang de la conductrice deux heures après l’accident. Pourtant, elle a affirmé à la barre qu’elle avait pris son médicament la veille à 21 heures et n’avait en aucun cas dépassé la dose prescrite. Elle a par ailleurs été formelle, ni les médecins, ni les pharmaciens, ne l’ont mise en garde contre les risques que ce médicament présente au volant. Il est cependant avéré que le Zolpidem (Stilnox et génériques) est éliminé plus lentement chez la femme que chez l'homme. Par conséquent, son action peut donc persister le lendemain de la prise et accroître le risque d’accident de la route (Lire notre article « abonné »).
Les parents du jeune Owen, qui ont constitué une association pour faire reconnaître comme délit la conduite sous l’emprise de médicaments dangereux au volant, au même titre que l’alcool et le cannabis, auraient souhaité que la prise de Zolpidem soit retenue comme circonstance aggravante par le tribunal, comme cela est le cas en Grande-Bretagne. Il n’en a rien été. Leur avocate, Me Nadine Lémeillat, a décidé d’engager une procédure au civil contre le médecin et les deux pharmaciens qui ont prescrit et délivré ces médicaments « en quantité trop importante, à l'encontre de la réglementation en vigueur ». Des sources proches de l'enquête affirment ainsi que quatre boîtes de Stilnox ont été dispensées en même temps.
« Ces professionnels de santé ne pouvaient pas ne pas savoir », affirme Me Nadine Lémeillat. Cependant, réfutant toute idée de vengeance contre le médecin et les deux pharmaciens bretons, l'avocate veut que cette procédure ait valeur d'exemple : « Mon but est de la rendre opposable auprès de l'Ordre des médecins et de l'Ordre des pharmaciens afin qu'ils prennent conscience de leur devoir d'information et d'alerte des patients. »
Rappelons que les médicaments à risque pour la conduite représentent un tiers des médicaments sur le marché. Selon une étude de l'INSERM, la prise de ces produits serait responsable chaque année de 3 à 4 % de l'ensemble des accidents de la circulation en France (Lire notre article « abonné »).
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