LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Le schéma de ce procès commence comme le précédent : vous gagnez en première instance. Mais en appel du premier procès, les juges avaient donné raison à Michel-Édouard Leclerc. Pourqoi êtes-vous confiant cette fois-ci ?
DANIEL BUCHINGER. - Les deux affaires sont bien différentes. Lorsque nous avons attaqué Leclerc la première fois, nous l’avons fait en référé parce car nous considérions qu’il y avait urgence à arrêter sa communication. Nous avons gagné en première instance, puis Leclerc a eu gain de cause lors de son appel. Parallèlement, cette affaire doit être jugée sur le fond, ce qui n’a toujours pas été fait, mais nous sommes confiants dans la décision du tribunal, et même davantage depuis le jugement de jeudi. Car cette fois, nous avons attaqué sur le fond, en urgence et à date fixe, ce qui nous a permis d’obtenir un jugement rapide. Je suis très satisfait de ce jugement exécutoire qui sanctionne lourdement Leclerc.
Que pensez-vous des sanctions dont il fait l’objet ?
C’est une vraie victoire pour la profession. D’abord, Leclerc est condamné à verser 102 000 euros de dommages et intérêt, soit 34 000 euros par partie intervenante : l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO), Univers Pharmacie et Direct Labo. Ensuite, il a l’obligation de modifier son site Internet sesoignermoinscher.com dans les huit jours, au risque d’écoper de 10 000 euros par infraction constatée. De plus, il ne peut plus faire de publicités commerciales pour son enseigne en utilisant, sous quelque formes que ce soit, les noms de pharmacie et de médicament, sous peine d’une astreinte de 10 000 euros par jour, une sanction applicable dès 48 heures après le jugement. Leclerc ne peut donc plus faire la promotion de son enseigne au détriment des pharmaciens et cela vaut pour tous les distributeurs. C’est un coup d’arrêt à un leurre, celui d’affirmer qu’il pouvait mettre en vente des médicaments moins chers qu’en officine. Enfin, ce jugement établit clairement que la concurrence existe entre pharmacies.
Néanmoins, Michel-Édouard Leclerc a annoncé son intention de faire appel.
Évidemment ! Mais en théorie ce nouveau jugement n’interviendra pas avant un an. En attendant, le jugement de jeudi est exécutoire dès à présent. C’est un combat juste que nous avions besoin de mener et de gagner. Qu’il y ait de la concurrence, d’accord ; qu’il y ait débat, bien ; mais qu’il nous utilise pour pousser son enseigne, sûrement pas.
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