Cette enquête, révélée par RMC, est menée par le pôle santé publique du parquet de Paris, « qui a reçu une vingtaine de plaintes » selon cette source. Les investigations en cours devront notamment « déterminer si ces infractions sont caractérisées », a-t-elle ajouté.
En octobre 2022, un patient, Philippe Coville, avait déjà déposé plainte devant le pôle santé publique de Paris et le procureur de Versailles, contre son médecin et contre X pour « blessures involontaires » et « tromperie aggravée ». Cet ingénieur de formation a ensuite créé une association d’aide aux malades et tenté de fédérer plusieurs plaintes de patients qui estiment, comme lui, avoir été victimes de la négligence des médecins qui leur ont prescrit des fluoroquinolones hors AMM. « Rien n'est fait pour mettre fin à ce système de surprescription. Les médecins continuent de prescrire en dépit des communications et des mises en garde », dénonce Philippe Coville aujourd’hui. Un sentiment confirmé par une étude financée par l'Agence européenne du médicament (EMA) et menée dans six pays européens (Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne et Royaume-Uni) entre 2016 et 2021. Selon ces travaux « les mesures prises pour restreindre l'utilisation des fluoroquinolones au niveau européen ont eu un impact modeste ».
Après différents signalements à ce sujet, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait adressé une lettre aux professionnels de santé en juin 2023. Dans ce courrier, elle rappelait en particulier que l’EMA avait « fortement recommandé de restreindre » l’utilisation des fluoroquinolones « après une évaluation menée à l'échelle européenne en 2018 sur le risque d'effets indésirables graves et durables (durant plusieurs mois ou années), invalidants et potentiellement irréversibles, affectant principalement le système musculosquelettique et nerveux ».
Avant cela, en 2019, l'utilisation des médicaments à base de fluoroquinolones avait déjà été considérablement restreinte. « Les fluoroquinolones peuvent être indispensables dans le traitement de certaines infections bactériennes. Cependant, elles ne doivent être prescrites qu'après avoir soigneusement évalué leurs bénéfices au regard des risques d'effets indésirables attendus, et après en avoir informé le patient », indique l’ANSM dans un dossier dédié aux fluoroquinolones mis au jour en octobre 2023. Dans ce document, l’agence y énumère les cas où ces antibiotiques (ciprofloxacine, délafloxacine, lévofloxacine, loméfloxacine, moxifloxacine, norfloxacine, ofloxacine) ne doivent pas être prescrits, soulignant elle aussi que « les données d'une étude récente suggèrent que les fluoroquinolones continuent d'être prescrites en dehors des utilisations recommandées ».
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