La présentation de fausses ordonnances pour obtenir des médicaments chers, remboursés par la Sécurité sociale, afin de les revendre est hélas une pratique que n’ignore pas la profession. Le 28 septembre, le cas s’est présenté dans une officine d’Albi. La réaction du pharmacien, qui a porté plainte, a permis d’interpeller le suspect.
C’est la police du Tarn qui se fait l'écho, sur son compte Facebook, de cette affaire qui s’est déroulée dans une officine d’Albi. Le 28 septembre, un client s'y présente avec une ordonnance pour obtenir un anticancéreux onéreux qui, avec sa carte Vitale, sera remboursé à 100 % par la Sécurité sociale. Le médicament devant être commandé, le pharmacien demande au patient de repasser le lendemain pour le récupérer. Mais en regardant de plus près l’ordonnance, le titulaire se rend compte que le médecin prescripteur n’existe pas… et se rend à la police pour déposer plainte. « L'homme âgé de 35 ans sera interpellé le lendemain à la pharmacie, alors qu'il venait chercher le médicament commandé », raconte la police du Tarn, ajoutant qu’il est « déjà connu des services de police pour escroqueries ». Alors que le suspect est placé en garde à vue, les policiers découvriront, lors d’une une perquisition à son domicile, quatre autres ordonnances, toutes signées du même médecin imaginaire. L'homme, qui a reconnu les faits lors de son audition, a déclaré « avoir été contacté via une messagerie par une personne qui lui aurait offert de gagner rapidement et facilement de l'argent ». Il sera convoqué devant la justice en janvier 2023 pour s'expliquer des faits.
La réaction de ce confrère est, à peu de chose près, ce qu'attend l'assurance-maladie des pharmaciens avec la mise en place, annoncée désormais pour la mi-octobre, d'un dispositif anti-fraude aux médicaments chers (300 euros ou plus) tel que prévu à la convention pharmaceutique. Le principe : le pharmacien doit authentifier toute ordonnance prescrivant un médicament onéreux avant délivrance, quitte à contacter le prescripteur si besoin. La mesure aurait déjà dû entrer en vigueur, mais des discussions sont encore en cours entre la CNAM, les représentants des pharmaciens, des médecins et des patients. En effet, pharmaciens et patients ont mis en avant leur crainte d'un accès compliqué ou retardé à certains traitements lorsque l'ordonnance n'est pas immédiatement authentifiable, en particulier si le prescripteur est difficile à joindre.
Les derniers obstacles sont en passe d'être levés, a assuré Thomas Fatôme, directeur général de l'assurance-maladie, hier soir lors de la première étape du « Tour de France » organisée par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Nous sommes en train d'aboutir à un modus operandi qui doit s'inscrire dans la pratique quotidienne du pharmacien et évidemment garantir la continuité des traitements pour les patients, avec la possibilité de délivrer un conditionnement minimal (...) Sans entrer dans le détail, le mode opératoire sera différencié entre ordonnance venant de l'hôpital versus de la ville, nous allons mobiliser le service médical de l'assurance-maladie, via les pharmaciens-conseils, pour expérimenter un appui aux pharmaciens et mettre à disposition un kit de vérification. »
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