Sanofi et BMS ont été condamnés lundi à verser 834 millions de dollars à l’État d’Hawaï pour ne pas avoir informé que leur médicament, le Plavix (clopidogrel), pouvait être inefficace chez les personnes asiatiques ou originaires du Pacifique en raison d’une prédisposition génétique. Les deux laboratoires contestent et vont interjeter appel.
C’est en 2014 que le procureur de l’État d’Hawaï décide d’assigner en justice Sanofi et Bristol-Myers Squibb (BMS). Il accuse les deux groupes pharmaceutiques d’avoir su mais de ne pas avoir informé les patients que le Plavix pouvait avoir un effet limité ou nul chez des populations originaires d’Asie ou du Pacifique en raison d’une prédisposition génétique et chez des patients prenant d’autres traitements affectant leur capacité à métaboliser le Plavix, soit « 30 % de la population ». Hawaï, qui compte un peu plus d’1,4 million d’habitants, est composé de nombreux groupes ethniques principalement d’origine asiatique et océanienne. Ainsi, peut-on lire dans le communiqué de presse du procureur d’Hawaï de mars 2014, « Plavix ne prévient pas les attaques cardiaques, les AVC ou les décès de maladies vasculaires chez ces patients ». Pire, il présente des risques particuliers chez ces populations, tels que des saignements gastro-intestinaux.
Le procureur accuse également les deux laboratoires d’avoir caché qu’un simple test génétique permettait de détecter les patients non-répondants au Plavix. En 2010, l’agence américaine du médicament (FDA) a d’ailleurs ajouté une alerte sur la notice du médicament concernant ce problème métabolique afin d’inciter les prescripteurs à réaliser ce test génétique. Elle n'évoque pas en revanche une prédisposition ethnique.
En France, sans évoquer non plus un problème de métabolisme relevant de l'ethnicité, la notice du médicament indique que « chez les patients qui sont métaboliseurs lents du CYP2C19, le clopidogrel administré aux doses recommandées entraîne moins de formations de métabolite actif du clopidogrel et a un effet antiagrégant plaquettaire moindre. Il existe des tests permettant d’identifier le génotype du CYP2C19 des patients ». Et précise que, « le clopidogrel étant transformé en métabolite actif en partie par le CYP2C19, l’utilisation de médicaments inhibant l’activité de cette enzyme serait susceptible d’entraîner une diminution du taux de métabolite actif du clopidogrel ». Même si « la pertinence clinique de cette interaction est incertaine, par mesure de précaution, l’association d’inhibiteurs puissants ou modérés du CYP2C19 doit être déconseillée ».
Lundi dernier, le juge de Honolulu a donné raison au procureur et a ordonné aux groupes pharmaceutiques le versement de 834 millions de dollars à l’État d’Hawaï. Ceux-là réfutent les conclusions et affirment que « la recherche a montré que le Plavix fournissait le même résultat pour les patients d'origine asiatique ». Ils annoncent qu’ils vont interjeter appel.
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