La filiale française du laboratoire allemand Merck a été mise en examen pour « tromperie aggravée » dans le volet pénal de l’affaire du Lévothyrox (lévothyroxine). Cette décision du juge d’instruction du tribunal judiciaire de Marseille intervient après l’audition du président Merck France hier. Cette enquête pénale est ouverte depuis mars 2018.
C’est une nouvelle étape dans la procédure judiciaire de l’affaire du Lévothyrox. Si celle-ci a été jugée au civil, la Cour de cassation ayant condamné Merck France à indemniser plus de 3 300 patients sous Lévothyrox en mars dernier, le volet pénal ne semblait pas avoir avancé depuis l’ouverture d’une enquête pour « tromperie aggravée, homicide et blessures involontaires et mise en danger de la vie d'autrui » à Marseille en mars 2018. C’est aujourd’hui chose faite. Dans un communiqué diffusé ce matin, Merck France indique que « dans le cadre de l’information judiciaire en cours dans le dossier du changement de formule du Lévothyrox », son président a été entendu hier « par la juge d’instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille », qui a décidé de la mise en examen du laboratoire pour « tromperie aggravée », « en lien avec les modalités d’information mises en place au moment de la transition de l’ancienne à la nouvelle formule en 2017 ».
Cette annonce a été saluée par Marie-Odile Bertella-Geffroy, avocate de quelque 3 000 patients et ancienne juge d'instruction au pôle de santé du tribunal de Paris. « Cela fait plusieurs années que l'information judiciaire est ouverte et que l'on attendait cette mise en examen. On se disait que cela n'arriverait jamais. Mes clients n'y croyaient plus. Enfin cela bouge. » De son côté, Merck France insiste sur le fait que cette mise en examen « ne concerne en aucun cas la qualité de la nouvelle formule du Lévothyrox » et « qu’aucun jugement n’a été rendu à ce stade de la procédure pénale ». L’avocat du groupe pharmaceutique, Mario-Pierre Stasi, précise en outre ne pas avoir eu accès au dossier d’instruction jusqu’alors « car nous n’étions pas partie prenante dans le cadre de l’information judiciaire ». Il va désormais pouvoir le faire et espère « apporter toute précision nécessaire afin de faire établir qu’aucune infraction pénale, de quelque nature que ce soit, n’a été commise ».
Selon le laboratoire, 2,5 millions de patients utilisent quotidiennement Lévothyrox nouvelle formule en France et moins de 100 000 patients lui préfèrent l’ancienne formule, importée en France depuis 2017 sous le nom d’Euthyrox par Merck, à la demande des autorités françaises. La mise à disposition temporaire de l’ancienne formule a été prolongée à plusieurs reprises et doit se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. D’ici là, les patients sous Euthyrox doivent pouvoir bénéficier d’une substitution vers l’une des six autres spécialités à base de lévothyroxine désormais disponibles.
Avec l'AFP.
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