LES PLAINTES s’enchaînent. Une jeune femme victime d’une thrombophlébite, en juillet dernier, vient de saisir le parquet de Bobigny pour « atteinte involontaire à l’intégrité de la personne humaine » contre le Laboratoire Bayer, qui commercialise la pilule de 3e génération Yaz. La jeune femme, qui n’a quasiment aucune séquelle physique, veut toutefois « se battre pour toutes celles qui sont plus lourdement handicapées » qu’elle. Selon son avocat, Me Jean-Christophe Coubris, des dizaines d’autres plaintes vont être déposées dans les prochains jours. Ces plaintes font suite à celles déposée en décembre par Marion Larat, une jeune femme handicapée à 65 % après un accident vasculaire cérébral (« le Quotidien » du 10 janvier). Comme à chaque fois dans les affaires liées aux médicaments, la machine s’emballe. La ministre de la Santé, elle, entend gérer ce dossier dans la sérénité et ne souhaite céder à un « quelconque affolement », a-t-elle répété lors d’un point presse organisé la semaine dernière. « La décision que j’ai prise de dérembourser la pilule de 3e génération (en septembre dernier, N.D.L.R.) n’a pas été et n’est en aucun cas une réponse à un risque sanitaire », assure Marisol Touraine. Le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), le Pr Dominique Maraninchi, se veut rassurant. « On n’est pas dans une situation d’urgence, hormis d’urgence d’information, affirme-t-il. Si les pilules de 3e génération étaient dangereuses, il faudrait qu’on les supprime du marché. » Il ajoute : « En soi, elles ne sont pas dangereuses, mais ce qui est dangereux collectivement, c’est si elles sont trop prescrites ou mal prescrites. » L’ANSM, qui va engager une réévaluation de la balance bénéfice/risque des pilules de 3e et 4e génération, recommande aux prescripteurs de privilégier les contraceptifs oraux de 2e génération.
Une nouvelle fois pointées du doigt à travers cette affaire, les entreprises du médicament (LEEM) déplorent que « les questions soulevées par un médicament – pour légitimes qu’elles soient – s’accompagnent de la part de certains observateurs d’une mise en accusation sans nuance de l’ensemble des acteurs du système, dont les industriels et les médecins ». Le LEEM demande aux pouvoirs publics l’engagement d’actions d’information, d’éducation pédagogique et de sensibilisation sur le médicament auprès des patients et de l’ensemble des Français. Le syndicat de l’industrie pharmaceutique en profite pour rappeler que les médicaments sont « des produits particulièrement contrôlés, tant par les pouvoirs publics que par les industriels, et qu’une importante loi de renforcement de la sécurité du médicament est en cours de déploiement depuis plus d’un an ». « Comme tout médicament, les pilules contraceptives, qui constituent l’une des plus grandes avancées médicales de ces quarante dernières années, présentent des bénéfices thérapeutiques, mais également des effets indésirables », rappelle le LEEM.
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