La pharmacienne de Vincennes qui avait escroqué les caisses primaires d’assurance-maladie (CPAM) du Val-de-Marne et de Seine-et-Marne de près d’1,2 million d’euros entre 2014 et 2018 a été condamnée à 12 mois de prison dont 6 avec sursis. Elle doit encore répondre de ses actes devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des pharmaciens. Son avocat pense faire appel.
Le tribunal correctionnel de Créteil a rendu son verdict jeudi après-midi. La titulaire de Vincennes (Val-de-Marne) écope de 12 mois de prison dont 6 avec sursis qu’elle devra effectuer avec un bracelet électronique, ainsi que d’une amende de 5 000 euros dont elle doit s’acquitter auprès de l’Ordre des pharmaciens pour préjudice moral. De plus, la justice a saisi « un domicile de Joinville-le-Pont » dont elle est copropriétaire avec son ex-mari.
Interpellée en janvier dernier, la pharmacienne de 50 ans avait reconnu les faits repérés par l’assurance-maladie lors d’un contrôle d’activités. En cause : des falsifications d’ordonnances et des fausses facturations réalisées entre mars 2014 et septembre 2018 concernant des médicaments chers, en particulier l’anticorps monoclonal Ilaris (canakinumab), une solution injectable dont le flacon est vendu 11 365 euros en pharmacie et pris en charge à 65 % par l’assurance-maladie. Selon la Procureure de la République citée par « Le Parisien », la titulaire a « modifié les dates sur des vraies ordonnances (…) de très nombreuses fois », en utilisant à plusieurs reprises un tampon pour masquer les dates. D’après les enquêteurs, le préjudice ne concerne pas que l’assurance-maladie, puisque « les remboursements demandés étaient faits sur la base de vraies prescriptions de personnes malades qui ne recevaient donc jamais leur traitement ».
Pour sa défense, la pharmacienne a expliqué avoir subi de graves pressions financières de la part de son mari, qui réclamait de l’argent tous les jours et lui faisait vivre « un enfer », ainsi que de son comptable, le meilleur ami de son mari. « C’était pour assurer son train de vie, avec des restaurants et des voitures comme une Porsche, une Mercedes, une Jaguar, sans compter les motos », a-t-elle assuré à la barre. La procureure indique de son côté que « la contrainte et les violences ne sont pas du tout prouvées » concernant les fraudes dont la pharmacienne s’est rendue coupable, mais confirme néanmoins que le désormais ex-mari « a été condamné pour des faits de violences sur elle, en mars 2022, et sa fille, en 2020 et 2021 ». Mais ni l'ex-mari, ni le comptable ne font l'objet de poursuites.
Son avocat, Me Laurent Hazan, note que sa cliente n'a « ni patrimoine, ni compte bancaire garni, contrairement à son ancien mari », qu'elle n'a jamais profité de ces fraudes et ne se retrouve aujourd'hui qu'avec des dettes. « Nous allons sans doute faire appel », a-t-il indiqué hier après-midi. La titulaire doit encore répondre de ses actes devant l’Ordre des pharmaciens, elle risque une interdiction d'exercer.
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