En janvier dernier, le LEEM pointait « 15 années de politique de régulation comptable du médicament » en France et déplorait que « le chiffre d’affaires des médicaments remboursables net de remises et de clause de sauvegarde n’ait pas évolué entre 2009 et 2020 : c’est une confiscation de la croissance ! ». Mais, selon les projections du cabinet IQVIA le 9 mars, le vent tourne avec l’ère post-Covid qui rebat les cartes au niveau mondial.
D’ici à 2027, le marché global devrait progresser de 3 à 6 %, pour atteindre un chiffre d’affaires de 1900 milliards de dollars avec des perspectives d’évolution pour les pays émergents (pharmerging) de 5-6 % en moyenne, loin de la croissance à deux chiffres qui les caractérisaient jusqu’alors. Du côté des pays dits développés, une hausse moyenne de 4-5 % est attendue. « On prévoit un nivellement de la croissance. Elle sera de 4-5 % pour les États-Unis, qui représentent la moitié du marché mondial. La nouveauté vient de la France pour laquelle nous avons des taux projetés (5-6 %) très proches de ceux de l’Allemagne (4-5 %) ou du Royaume-Uni (5-6 %) », explique Stéphane Sclison, directeur associé et expert du marché du médicament chez IQVIA France.
Régulation mondialisée
Ce retour d’optimisme repose sur les résultats exceptionnels de 2022. Les ventes sur prescription en France s’élèvent à 22,888 milliards d’euros (+8,2 %) et celles hors prescription à 1,034 milliard d’euros (+8,8 %) en prix fabricant hors taxe. Le marché du remboursable atteint pour sa part 22,590 milliards d’euros (+8,1 %) et le non remboursable 1,333 milliard d’euros (+9,9 %). Quant aux médicaments prescrits et délivrés à l’officine, leur chiffre d’affaires est de 21,691 milliards d’euros (+8,2 %), tirés vers le haut par la prescription hospitalière qui occupe 43,7 % des parts de marché et progresse en valeur de 13,3 % en 2022. « En raison de la désertification médicale, l’accès à une consultation hospitalière externe est parfois plus facile. Ce ne sont pas forcément des produits très chers qu’on prescrit à l’hôpital ; en termes de volume, les classes les plus prescrites sont les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et les antihistaminiques, donc dans des pathologies de médecine générale », ajoute Stéphane Sclison.
Il n’en reste pas moins que la croissance du marché officinal affiche un record en 2022, qui s’explique par l’effet volume. « La croissance de près de 2 milliards d’euros de ce marché est liée à une forte hausse de la demande puisque l’effet prix est négatif, à -507 millions d’euros, en raison des régulations, et l’effet nouveaux produits est faible, à +256 millions d’euros. » Autrement dit, sans régulation la croissance aurait été beaucoup plus forte. Une régulation désormais adoptée par la plupart des États. Les huit pays les plus consommateurs (77 % des parts de marché mondial), « ont tous mis en place un système de régulation de la dépense médicamenteuse depuis le Covid, souligne Elsa Duteil, directrice associée Prix et accès au marché d’IQVIA France, même les États-Unis ! »
Dispensation du médicament
Tramadol et codéine sur ordonnance sécurisée : mesure reportée !
Formation continue
Transmission automatique des actions de DPC : les démarches à faire avant le 30 novembre
Relocalisation industrielle
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine