Détecté en mai en Inde, un nouveau sous-variant d’Omicron est placé sous haute surveillance après avoir notamment gagné les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, l’Allemagne et dernièrement les Pays-Bas. Il pourrait être supérieur à BA.5 en termes d'échappement immunitaire.
Les Pays-Bas ont annoncé mercredi avoir détecté un cas de contamination au sous-variant d’Omicron, le BA.2.75, sur un échantillon prélevé le 26 juin dernier. Ce sous-variant, déjà présent dans une dizaine de pays, a été placé « sous surveillance » le 7 juillet par le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC). Car si l’on sait encore peu de choses sur BA.2.75, les scientifiques qui l’ont examiné s’inquiètent de caractéristiques qui pourraient lui permettre d’être plus transmissible et de contourner encore plus facilement la réponse immunitaire conférée par la vaccination ou une précédente infection.
En effet, il possède 8 mutations supplémentaires sur la protéine Spike par rapport à BA.2. « C’est compliqué de prédire l’effet d’autant de mutations lorsqu’elles apparaissent ensemble (…) L’ensemble pourrait être pire que chaque mutation prise individuellement », détaille le virologue anglais Tom Peacock, qui a été le premier à identifier le variant Omicron en novembre dernier. Il estime que le nombre et les combinaisons de ses mutations font de ce sous-variant surnommé « le centaure » un « candidat potentiel » au remplacement de BA.5.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) suit de près son évolution, notant qu’en Inde le BA.2.75 représente déjà 23 % des nouveaux cas, mais souligne qu’il est encore trop tôt pour confirmer ses capacités de contournement immunitaire ou à générer des formes de Covid plus sévère, en raison du faible nombre de séquences disponibles pour les analyser. Le BA.2.75 n'a pas été détecté en France pour l'instant.
Interrogé par l’AFP, l’épidémiologiste Antoine Flahaut, directeur de l’Institut de santé mondiale de l’université de Genève, remarque à son tour que BA.2.75 est bien parti pour « devenir la souche dominante en Inde » mais la question reste entière quant à savoir s’il « deviendra la souche dominante dans le monde ». Il souligne que les précédentes souches dominantes ont d’abord été prépondérantes dans le pays où elles ont émergé avant de se répandre à travers le monde, mais il y a toujours une « marge d’imprévisibilité ».
De son côté, Étienne Simon-Lorière, responsable de l’unité génomique évolutive des virus à ARN à l’Institut Pasteur, explique au « Huffington Post » que « c’est la première fois qu’on voit émerger un variant de seconde génération, c’est-à-dire dérivant d’un variant déjà préoccupant », en l’occurrence de BA.2. En effet, ajoute-t-il, les sous-lignages d’Omicron tels que BA.2, BA.4 ou BA.5, n'en sont pas les descendants. « On pense qu’il existe un réservoir commun dans lequel se sont développées ces différentes versions d’Omicron. » Toujours est-il, relève Antoine Flahault, que la succession de variants rend difficile le développement d’un vaccin pour les combattre, puisqu’au moment où un vaccin adapté est prêt à être déployé, de nouvelles souches ont pris le relais. À ce stade, les vaccins autorisés restent efficaces pour protéger contre le Covid grave, les hospitalisations et les décès.
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