Souvenez-vous, tout a débuté avec la grippe. En octobre 2017, une expérimentation de la vaccination contre la grippe saisonnière par les pharmaciens d’officine avait été lancée dans deux régions pilotes : Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle Aquitaine. L’objectif était bien entendu d’améliorer la couverture vaccinale de la population et de diminuer les hospitalisations et les décès liés à cette pathologie saisonnière. Cette initiative avait été un franc succès. En effet, 5 000 pharmaciens (titulaires et adjoints) s’étaient engagés et près de 160 000 vaccinations avaient été effectuées. L’expérimentation avait donc été étendue l’année suivante à deux nouvelles régions, les Hauts-de-France et l’Occitanie. Une fois de plus, les pharmaciens avaient répondu présents. C’est ainsi qu’en octobre 2019, la vaccination antigrippale en officine avait été proposée à l’ensemble du territoire.
Le booster de la crise du Covid
Puis est arrivée la crise du Covid… et avec elle la recherche de masques, de gels hydroalcooliques, les protocoles d’entrée et sortie dans nos officines, les livraisons des patients fragiles, les renouvellements exceptionnels d’ordonnances, les tests antigéniques etc. C’est dans ce contexte que, suite à l’avis de la Haute Autorité de Santé du 1er mars 2021, le gouvernement a autorisé les pharmaciens d’officine à prescrire et administrer les vaccins contre la Covid 19. Pour cela, il fallait être habilité à vacciner mais aussi avoir déclaré son activité de vaccination auprès de l’ARS, avoir des locaux adaptés, un circuit d’élimination des DASRI et une trousse de première urgence. Puis il s’agissait de s’approvisionner en vaccins, aiguilles, seringues, d’avoir prévu des plages horaires de vaccinations, des rendez-vous en priorisant les personnes les plus fragiles et enfin de préparer les doses, facturer l’acte, tracer la vaccination et donner les attestations de vaccination. Cela a représenté une charge de travail énorme et chronophage mais les pharmaciens en sont sortis grandis et ont largement participé à « l’effort de guerre ».
Un décret publié au « Journal officiel » le 9 août 2023 a de nouveau élargi les compétences des pharmaciens
S’agissant d’une mission facultative, le pharmacien, qu’il soit titulaire ou adjoint, a le choix de participer ou non à la vaccination. Mais il est vrai qu’il a une place privilégiée pour le faire. Pourquoi ? Parce qu’il est un professionnel de santé facilement accessible, un atout non négligeable dans les zones de désertification médicale. Améliorer la couverture vaccinale de la population et faciliter le parcours du patient souhaitant se faire vacciner, voilà ce qui a poussé fin 2022 le gouvernement à élargir les compétences des pharmaciens afin qu’ils puissent pratiquer l’injection de 14 vaccins chez les plus de 16 ans disposant d’une ordonnance. Et les retours des patients ont été très positifs, beaucoup arguant de la praticité et du gain de temps de se faire vacciner sans avoir besoin d’aller chercher le vaccin en officine avant de se rendre dans un cabinet.
Et après ?
L’aventure ne s’arrête pas là puisqu’un décret publié au « Journal officiel » le 9 août 2023 a de nouveau élargi les compétences des pharmaciens. Ils pourront désormais prescrire et administrer l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal selon les recommandations y figurant aux personnes âgées d’au moins 11 ans. Est néanmoins exclue la prescription de vaccins vivants chez des personnes immunodéprimées.
Côté rémunération, elle est de 7,50 euros pour un vaccin ne nécessitant pas de prescription, de 7,50 euros également si une prescription est obligatoire mais que le patient l’a déjà et de 9,60 € si le pharmacien a besoin de prescrire le vaccin en plus de l’administrer.
Quid de la prochaine étape ? L’avenir nous dira si ces initiatives ont permis d’améliorer la couverture vaccinale de la population, réel enjeu de santé publique. Pour l’instant, il est certain que nous n’allons pas délaisser les seringues dans nos officines…
Les recommandations du CVAO pour la vaccination à l’officine*
Quelques points importants à garder en tête au sujet de la vaccination.
- S’assurer que chaque membre de l’équipe est à l’aise pour donner une information loyale, claire, compréhensible et appropriée sur la vaccination.
- Mettre en place un protocole pour favoriser la prise en compte de toutes les opportunités de vaccination.
Et au moment de la vaccination :
- Vérifier l’absence d’incident lors d’une précédente vaccination (persistance de réaction locale et/ou de fièvre plus de 3 jours, perte de conscience, dyspnée).
- Consulter le carnet de vaccination. S’il est incomplet et impossible à reconstituer, orienter vers le médecin.
- Expliquer pour chaque vaccin sa nature, son statut, sa composition, ses effets indésirables ainsi que les avantages et inconvénients de la vaccination.
- S’assurer de la compréhension des informations communiquées et du consentement libre et éclairé de la personne à vacciner.
*Merci à Jean-Michel Mrozovski, fondateur du CVAO, le Comité pour la Valorisation de l’Acte Officinal.
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