Face à des pharmacies qui meurent faute de prescripteurs dans leur environnement, Juliette Lorrain est formelle, la téléconsultation est la solution. « Elle est arrivée au bon moment dans mon officine », déclare cette titulaire de Montmédy (Meuse), avec rétrospectivement, un certain soulagement.
Car la mise en relation avec un médecin depuis son officine ne lui a pas seulement permis de gagner quelques patients. Elle a surtout fidélisé ceux qui, par manque de médecin traitant sur cette commune, qui a vu disparaître trois de ses quatre médecins en cinq ans, auraient pu être tentés de consulter ailleurs et de s'y faire délivrer leur ordonnance. « De plus, il faut être conscient que le patient mobile qui fait 30 kilomètres pour aller voir un médecin qu'il aura enfin trouvé restera fidèle à ce praticien », observe la pharmacienne.
Dans cette perspective, la téléconsultation doit-elle être considérée comme un garant du maillage officinal ? Sans aucun doute. Même si, reconnaît Juliette Lorrain, ce nouveau service a quelque peu bouleversé l'organisation de son travail quotidien. Mais la titulaire a trouvé la parade : « Je ne prends que sur rendez-vous, sur des créneaux de vingt minutes environ. »
Une relation encore plus importante en milieu rural
Ce rendez-vous a lieu avec le Dr Jean-Philippe Kern, ancien médecin urgentiste désormais consacré exclusivement à la téléconsultation. Le système de Telemedical Solution lui permet sur trois écrans de disposer parallèlement du DMP, de l'anamnèse et d'échanger avec le patient « droit dans les yeux ». Grâce au travail effectué en amont par la pharmacienne, le médecin peut se concentrer exclusivement sur le patient. « Le temps médical se trouve ainsi optimisé », se félicite-t-il, déclarant que dix minutes de consultation suffisent en général.
Dix minutes, c'est également le temps qu'aura consacré auparavant Juliette Lorrain pour vérifier l'éligibilité administrative et clinique du patient et prendre les constantes. « L'avantage de toujours travailler avec le même médecin est que je connais sa manière de faire, je sais où il veut aller et donc je lui prépare le terrain », expose-t-elle, ajoutant qu'elle apprécie le relationnel avec le patient « avant, pendant et après la téléconsultation ». « Cette vraie relation qui se crée est encore plus importante en milieu rural qu'ailleurs. » « Je ne fais que du médical », affirme de son côté l'ancien urgentiste dont l'objectif est d'éviter aux patients… le recours aux urgences. « On élimine la médecine d'urgence, c’est-à-dire les cas qui n'ont rien à faire dans la salle d'attente des médecins généralistes », poursuit le Dr Kern. Autres critères d'exclusion, les douleurs abdominales atypiques et les enfants de moins de trois ans.
Le binôme qui s'est institué entre Juliette Lorrain et Jean-Philippe Kern observe à la règle certaines modalités, comme le compte rendu systématique via une MSS au médecin traitant. « Cela permet de débusquer les patients qui, s'étant vu refuser un antibiotique au cabinet, tentent leur chance en téléconsultation ! »
D'après une conférence le 11 juin au Congrès national des pharmaciens.
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