Pour la première fois depuis le début de la série dont il est le héros, l’inspecteur Valentin Verne mène l’enquête hors de Paris. Le chef du bureau des affaires occultes est envoyé en Vendée, où deux meurtres ont été commis dans le rang des légitimistes tandis qu’un chant mystérieux effraie la population. Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres sur cette terre hostile à Louis-Philippe. Ici, tout est prétexte à réveiller la grande armée catholique et royale, pour placer Henri V, le dernier représentant des bourbons, sur le trône de France. Seul, loin de son habituel terrain de jeu, Verne manque plus d’une fois de perdre pied tant la frontière entre le bien et le mal devient ambigu. Lui, le scientifique disciple de Pelletier, doit apprendre à nager dans un milieu politique qu’il ne maîtrise pas, où trahison et hypocrisie sont la règle. On dirait que rien n’a changé près de deux cents ans après…
Un héros malmené
On se délecte des aventures de ce policier hors normes, que son auteur ne ménage pas. « Dans une série, le piège serait de répondre aux attentes qu’expriment les lecteurs. C’est ce qui m’a incité à sortir Valentin de sa zone de confort », explique Éric Fouassier. Mais que les fans se rassurent : la recette de départ reste inchangée. Au fil de l’aventure, on croise ici et là des personnages historiques tels que Marie Caroline de Bourbon Sicile, Théophile Gautier, ou un certain Oersted, pharmacien physicien danois resté célèbre pour ses travaux sur l’électromagnétisme. « Je ne manque jamais une occasion de faire un clin d’œil à la pharmacie et à son histoire », révèle l’auteur, pharmacien, également professeur de droit pharmaceutique à l’Université Paris-Saclay. Grâce à l’électromagnétisme, les inventions imaginées par Lord Blackburne, cet ingénieur en quête de reconnaissance, pimentent le récit autant qu’elles malmènent le pauvre inspecteur.
À chacun son enquête
Ce serait réducteur de cataloguer le Bureau des affaires occultes comme un simple polar historique car les thèmes abordés en filigrane sont terriblement actuels, que ce soit l’instabilité politique ou l’émancipation des femmes. Dans le tome précédent, l’auteur faisait d’Aglaé Marceau la première femme française à intégrer la police. Dans ce nouvel opus, il lui confie carrément une enquête, en parallèle de celle que mène Verne sur les terres vendéennes. Une femme policière en 1832 ? Éric Fouassier prend un peu d’avance sur l’Histoire, mais la situation n’est pas totalement anachronique : « Aglaé traduit le mouvement féministe qui, dès la première partie du XIXe siècle, revendiquait l’accès à la formation et à des métiers réservés jusqu’à présent aux hommes. » Fin 2025, Aglaé deviendra d’ailleurs le personnage central d’une bande dessinée spin-off du bureau des affaires occultes.
Le bureau des affaires occultes – Le chant maléfique, chez Albin Michel
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