En réaction aux dernières propositions économiques de l’assurance-maladie, jugées insuffisantes, les syndicats d’officinaux, les représentants des groupements et l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) ont tous décidé de soutenir le mouvement de mobilisation et invitent les officinaux à faire grève le 30 mai.
Des propositions économiques bien en deçà des attentes, des projets de dérégulation et de libéralisation de la vente en ligne de médicaments qui font redouter de graves conséquences pour le réseau, des pénuries que rien ne semble en mesure de freiner, des fermetures d’officines qui ne cessent d’augmenter, une réforme des études du troisième cycle qui se fait attendre… Pour les représentants des officinaux, la coupe est pleine. Président de Federgy, la chambre syndicale des groupements, Alain Grollaud a décidé de soutenir le mouvement de mobilisation initié par la base dans plusieurs départements et appelle ses adhérents à fermer leurs officines le 30 mai. « Nous ne voulons pas juste soutenir ce mouvement mais y participer. J’ai été surpris par le niveau de mépris que ressentent aujourd’hui les officinaux. Ils ne se sentent pas considérés malgré leur investissement. » Pour Alain Grollaud, il est important de se mobiliser au vu des revalorisations insuffisantes envisagées par la CNAM sur les honoraires du pharmacien. « Surtout lorsqu’on voit que la CNAM est prête à donner deux milliards d’euros aux médecins », ajoute-t-il. Cependant, le président de Federgy estime qu’il faut aussi que les pharmaciens se fassent entendre pour dénoncer les desseins du projet de loi Ferracci, lequel prévoirait notamment de libéraliser la vente en ligne de médicaments en autorisant la création de plateformes et la possibilité de recourir à des stocks déportés.
À la tête de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO), Laurent Filoche n’a pas non plus hésité au moment d’apporter son soutien au mouvement de mobilisation. « Nous appelons tous les adhérents de l’UDGPO à faire grève le 30 mai et à participer à la grève des gardes ce week-end. Nous accompagnons la totalité du mouvement. » Même si des efforts étaient consentis par la CNAM dans les prochains jours, Laurent Filoche estime qu’il faudra aller au bout, quoi qu’il arrive. « Il y a également cette inquiétude liée au projet de libéralisation de la vente de médicaments sur Internet. Il faut marquer notre mécontentement. Je suis d’ailleurs étonné de voir à quel point nos adhérents ressentent ce besoin de s’exprimer. Selon moi, la journée de grève du 30 mai va être très suivie », prédit-il.
De son côté, l’ANEPF, fortement irritée par le retard pris par la réforme du 3e cycle des études de pharmacie (R3C), avait déjà annoncé son soutien au mouvement depuis plusieurs semaines. L’association étudiante se dit « toujours aussi déterminée aujourd’hui » et a également apposé sa signature au communiqué commun en faveur d’une grève le 30 mai, tout comme l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF).
À l’issue du vote de son conseil d’administration, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a également validé l’idée « d’une journée d’interpellation » pour sensibiliser sur les besoins et les difficultés des officinaux. « Le sujet doit être porté à la connaissance du public et c’est pour cela que nous avons voté unanimement de nous engager dans une journée d’interpellation de la population, des pouvoirs publics, sur l’ensemble des sujets qui touchent la pharmacie aujourd’hui et qui touchent les Français. Ce sera une journée de fermeture, la journée du 30 mai, avec des manifestations qui seront organisées partout en France », a annoncé Philippe Besset. Néanmoins, son syndicat a décidé de ne pas inciter ses adhérents à faire la grève des gardes ce week-end, au contraire de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La FSPF explique ce refus d’appuyer la grève des gardes par la volonté de « graduer le mouvement et de ne pas disperser l’énergie des confrères ». La FSPF, qui a présenté une contre-proposition à la CNAM, espère toujours se servir de cette menace de grève pour inverser la tendance. « C’est un préavis de grève que nous lançons, précise Philippe Besset. L’idée d’un préavis, c’est d’ouvrir un temps de négociations sous contraintes. On s’est donné rendez-vous la semaine prochaine », ajoute-t-il. Une nouvelle réunion intersyndicale a déjà été fixée pour faire le point sur l’évolution de la mobilisation. Elle se tiendra le vendredi 24 avril. La veille, l’USPO et la FSPF seront reçues à Matignon.
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