Si sur les huit premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires global de l’officine ne recule que de 1 %, cette donnée est le résultat d'une situation contrastée. Il y a tout d’abord eu un pic de consommation observé les premières semaines de mars lié au surstockage des Français, puis une chute du chiffre d’affaires de 7 % pendant toute la durée du confinement. Les deux mois estivaux ont permis à la pharmacie de revenir à une croissance limitée de l'activité (+ 2 %).
De plus, la donne est différente selon la typologie et l’implantation des officines. L’Île-de-France peut en témoigner avec un effondrement du trafic de 20 % de juin à août, alors que le recul sur l’ensemble du territoire était de 3 %. Sur cette même période, les officines de taille modeste ou moyenne voient leur fréquentation diminuer de 2 à 3 %, quand celles dont le chiffre d’affaires dépasse les 7 millions d’euros déplorent une baisse de 14 % des flux de clients. Quant à l’implantation, les pharmacies rurales sont celles qui s’en sortent le mieux (trafic égal au niveau de 2019), suivies des officines de périphérie (- 3 %) et de centre-ville (- 4 %). En centre commercial, la baisse de fréquentation atteint 5 % cet été.
Paris déserté
« L’officine résiste néanmoins mieux au Covid-19 que d’autres secteurs », note David Syr, directeur général adjoint de GERS Data. Ce que confirme Joël Lecoeur, expert-comptable et président du réseau CGP. « Les pharmacies tiennent le coup. En province, la pharmacie a quasiment retrouvé son niveau d’activité. » En revanche, il confirme le cas particulier des pharmacies franciliennes : « De nombreux Parisiens ont déserté la capitale pendant le confinement et, aujourd’hui, le recours accru au télétravail dans les entreprises a des conséquences directes sur les flux dans les pharmacies parisiennes. Cela est particulièrement vrai dans le quartier de la Défense où la moitié des effectifs est en télétravail. »
Rémunération sauvée
Quant au volume des ventes du médicament remboursable, il a chuté de 4 % en unités délivrées entre janvier et juillet, observe l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), citant les chiffres communiqués par IQVIA. Toutefois, se félicite Gilles Bonnefond, président de l'USPO, la marge officinale ne s’est infléchie que de 0,5 % pendant cette période, grâce aux honoraires introduits par l’avenant 11 signé par son syndicat en juillet 2017. En effet, affirme-t-il, les honoraires sur les médicaments spécifiques ont progressé de 2,3 % au cours des sept premiers mois de l’année, tandis que les honoraires liés à l’âge ont bondi de 5,5 %. Selon l'analyse de l'USPO, ce sont eux qui permettent de compenser la chute de 4,2 % des honoraires sur les ordonnances de cinq lignes et plus, la stagnation à +0,9 % des honoraires à l’ordonnance, et par conséquent de sauver la marge du pharmacien, c’est-à-dire sa rémunération. Une marge qui, dans le périmètre conventionnel de l’année 2017, aurait chuté de 5 %, ajoute Gilles Bonnefond.
Impact des baisses de prix
Outre la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19, les officines sont aussi impactées par les baisses de prix prévues dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2020. Pour rappel, ces baisses ont permis à l’assurance-maladie d’économiser à fin juin 265 millions d’euros sur les produits de ville et elles devraient générer, au 2e semestre, 230 millions d’euros d’économies supplémentaires.
Hors médicament, les autres marchés de l’officine ne se portent pas beaucoup mieux. La dermocosmétique reste en berne, bien qu’un discret rebond soit observé au mois d’août. À noter la différence flagrante selon qu’on intègre, ou pas, le gel hydroalcoolique (GHA) à ce marché. De juin à août, en volume, il gagne 4 % avec le gel, mais perd 5 % sans le GHA… En valeur néanmoins, le GHA ne lui permet pas de revenir à la croissance : - 4 % sans GHA, - 2 % avec GHA. Et les marchés saisonniers habituellement en pointe n’ont pas non plus performé, que ce soit les solaires ou les antimoustiques.
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