L'activité officinale monte en flèche depuis 2020. Hors activités Covid, le chiffre d'affaires grimpe en effet à 43,6 milliards d'euros à fin septembre (cumul mobile annuel), contre 41, 4 milliards un an auparavant et 38,2 milliards d'euros en 2021. Sans aucun doute un effet du marché régulé qu'est la pharmacie puisque 80 % de cette croissance est portée par le médicament, comme l'analyse David Syr, directeur général adjoint de GERS Data, à l'origine de ces statistiques des neuf premiers mois de l'année.
Plusieurs raisons à ce phénomène. Tout d'abord, l'officine s'affirme plus que jamais en tant que lieu de dispensation de médicaments à forte valeur ajoutée. Alors que les délivrances sur prescriptions ont augmenté de 6 % à fin septembre (cumul mobile annuel), la croissance de l'économie officinale est essentiellement portée par les inhibiteurs d'interleukine, les antinéoplasiques inhibiteurs de la protéine kinase, les antidiabétiques inhibiteurs de SGLT2 et les inhibiteurs directs du facteur XA ainsi que par les produits du système nerveux central (voir ci-dessous). Enregistrant, entre janvier et septembre plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffres d'affaires supplémentaires, des produits phares tels que Stelara, Calquence, Vyndaqel, Forxiga ou Eliquis contribuent majoritairement à la progression de ces cinq classes.
Mais ce sont surtout quatre produits de sortie hospitalière, Dupixent, Tagrisso, Vyndaqel et Evrysdi, qui ont un impact direct sur l'évolution du chiffre d'affaires du médicament remboursable en 2023, comme l'identifie Patrick Oscar, directeur général de GERS DATA. Au Top 10 des médicaments remboursables, il n'est pas rare de constater des taux à deux chiffres. Exception faite de Lucentis, en retrait de 16 %. Et, petite révolution, insiste Patrick Oscar, « le Doliprane est pour la première fois depuis de nombreuses années est absent du TOP 10 ! ». Ce qui n'empêche pas son fabricant, le Laboratoire Sanofi de figurer au rang des industriels en croissance.
L'impact des baisses de prix
Ces boosters de l'économie officinale ne parviennent toutefois pas à masquer un tassement de l'évolution du chiffre d'affaires. De fait, sur les neuf premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires ne croît plus que de 7,9 % et semble marquer le pas par rapport à 2022. « Nous avions à l'époque une croissance de 9,7 % », note Patrick Oscar qui cite plusieurs facteurs à ce ralentissement. Le volume des sorties de la réserve hospitalière est divisé par deux et ne représente plus que 119 millions d'euros. Parallèlement, le nombre de nouvelles molécules génériquées en 2023 recule de 28 %. S'y ajoutent un ralentissement de la croissance de certaines classes de médicaments et de nouvelles baisses de prix. Celles-ci ont un impact important, insiste Patrick Oscar. Ainsi, l'ensemble des 405 médicaments dont le prix excède 100 euros ont contribué à hauteur de 70 % aux quelque 343 millions d'euros (PFHT) d'économies déjà consenties par le biais de la baisse des prix. L'objectif étant d'atteindre 530 millions d'euros (PFHT) pour l'année.
Dans ce contexte où les ventes en médicaments de 1930 euros HT et plus, ont progressé de 17 % entre janvier et septembre, à 4,197 milliards d'euros, soit 24,2 % du chiffre d'affaires en médicaments de prescription obligatoire, la marge officinale subit plus que jamais les effets de ce déséquilibre. Le médicament conseil s'impose-t-il dans ce cas comme la planche de salut de l'officine ? Pas si sûr. Car si le chiffre d'affaires augmente de 5,5 % à fin septembre, le volume se réduit de 1 %. En cause, un trafic en retrait de 2 %, mais aussi un effet inflation, comme l'analyse David Syr. « Le ralentissement de cette dynamique est essentiellement dû à la hausse des prix. Les hausses de 1,9 point d'inflation (entre 2,9 et 3,7 points pour les compléments alimentaires) sont payées par le consommateur. Celui-ci fait des choix. »
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