Le médicament remboursable reste, en dépit des nombreuses baisses de prix (voir encadré ci-dessous) le moteur de l’officine. Imperturbable, il poursuit sa trajectoire à + 7 % sur les sept premiers mois de l’année pour atteindre un chiffre d’affaires de 14,6 milliards d’euros. Seule ombre au tableau, la disparition des produits de contraste depuis le mois d’avril qui pèse pour près de 100 millions d’euros sur le chiffre d’affaires comparé à l’an dernier le réduisant de 65,5 %.
La domination des médicaments chers
La perte de ces produits affecte à hauteur de 0,8 % la dynamique du médicament remboursable. Cependant, elle a pu être quelque peu compensée, par la progression de spécialités telles que Calquence ou Helimbra dont les fabricants respectifs, AstraZeneca et Roche, se positionnent en pole position des croissances enregistrées au premier semestre (entre 20 et 30 %). De fait, le chiffre d’affaires officinal doit avant tout son salut à la poussée des médicaments chers (plus de 350 euros). Car dans le top 10 des médicaments contribuant le plus à l’activité du remboursable, six affichent un prix HT excédant 1 000 euros et bénéficient d’une croissance spectaculaire (voir graphique). Comme le résume GERS Data, quatre classes de médicaments plus précisément portent la croissance et y contribuent pour un total de 444 millions d’euros. Il s’agit des antagonistes hormonaux cytostatiques, des antinéoplasiques, des inhibiteurs de l’interleukine et des antidiabétiques inhibiteurs de SGLT2, ces derniers connaissant une progression de 71 %.
La plus forte évolution remarquée au cours de ces six premiers mois est cependant réalisée par les médicaments dont les prix se situent entre 150 et 1 930 euros. « Leur chiffre d’affaires a augmenté de 18,3 %, davantage que le nombre d’unités vendues -+ 11,8 % », relève David Syr, directeur général adjoint de GERS Data, pointant l’ascension des biosimilaires qui atteindront un taux de pénétration inégalé à 33,8 % cette année, contre 32,3 % l’année dernière (29,2 % en 2022). Par ailleurs, note-t-il pour expliquer l’explosion des ventes entre 150 et 1 930 euros, la baisse des prix des médicaments plus chers a visiblement contribué à grossir ce segment. Toutefois, la tranche de médicaments la plus dynamique est celle dont les prix se situent entre 1,92 euro et 22,90 euros. Ils concentrent à eux seuls 56 % des ventes tandis qu’un tiers des unités vendues est composé de produits dont le prix n’excède pas 1,91 euro !
Les compléments alimentaires, insatiables
Dans ce contexte, le médicament conseil peut-il être considéré comme un levier de croissance ? Dans ce segment également, la marge de progression reste faible compte tenu de l’inflation : le chiffre d’affaires n’augmente que de 4,2 % par rapport à la période de référence 2023 et le nombre d’unités vendues stagne à +0,8 %. Le mois d’août lui-même montre des signes de faiblesse avec un chiffre d’affaires à +3,2 % et des ventes en baisse de 0,2 %. Les pathologies de l’été auront profité au Doliprane (+9%), au Nurofenflash (+3,7 %) et au Fervex (+6,3%). Nicorette, Bepanthen et Donormyl s’inscrivent eux aussi dans une tendance positive. Cinq segments, en revanche, sont en berne : tonus vitalité, rhume, jambe lourde, la contraception d’urgence ainsi que les vaccins. Sur l’ensemble des 8 premiers mois de l’année, la principale décroissance est subie par les capteurs de graisses (- 46 %), par l’homéopathie qui s’érode de 6 %, mais aussi par les jambes lourdes qui perdent 4 %. En revanche, la toux gagne 20 %, le sommeil 12 %, de même que le tonus vitalité (+10%) et les brûlures d’estomac/ulcères (+11%). Une autre palme de la croissance revient aux compléments alimentaires. Ce segment détenu à 93 % par le réseau officinal bénéficie d’une croissance de 9 %, une tendance quasi identique à celle que connaît le réseau des parapharmacies qui ne détient cependant que 7 % de ce marché. David Syr relève l’apparition auprès des pure players du complément alimentaire de laboratoires généralistes tels UPSA en quête de diversification. Autre nouveau venu, Hydratis en croissance de 798 % sur les huit premiers mois de l’année.
Le rayonnement des nouvelles galéniques solaires
L’univers Beauté suit une progression similaire en pharmacie que le complément alimentaire (+9% contre +8 % en parapharmacie). Cette dynamique est principalement soutenue par le poids lourd du segment, les produits dermocosmétiques en croissance de 9 %, les produits capillaires en hausse de 19 %, le maquillage (+ 15 %) ou encore les produits solaires dont les ventes augmentent de 12 %. Après un printemps morose où elles s’étaient infléchies de 27 %, celles-ci sont reparties à la hausse dès le début de l’été avec une embellie de 16 % pour terminer à +52 % fin août. Le secteur bénéficie lui aussi de l’innovation comme le souligne David Syr. Trois galéniques concentrent à elles seules 10,8 millions d’euros de chiffre d’affaires : les brumes en progression de 25 %, les laits (+24 %) et enfin les sticks (+ 133 %). De quoi faire reluire le rayon para-cosmétiques et redonner un peu de couleurs à une activité officinale ternie par un tassement de la fréquentation. Le nombre d’unités vendues – tous segments confondus- stagne en effet à +0,4 % sur les huit premiers mois de l’année.
480 millions de baisses de prix… et ce n’est pas fini
Comme l’a répertorié GERS Data, des baisses de prix à hauteur de 480 millions d’euros sont intervenues sur le médicament remboursable entre janvier et fin juillet. Des mesures qui touchent majoritairement les spécialités dont le prix se situe entre 100 et 500 euros et celles don le prix HT est supérieur à 500 euros. Le phénomène s’accélère en effet. 905 prix ont déjà été modifiés entre janvier et août. Un an auparavant, sur la même période, seulement 414 baisses avaient été opérées pour un total de 488 sur l’ensemble de l’année.
De plus, d’autres baisses de prix pour un volume estimé à 344 millions d’euros sont programmées d’ici à la fin de l’année, portant à 824 millions d’euros le montant global des changements de tarifs, en ville. Cumulées aux variations impactant l’hôpital, ces baisses excéderont les quelque 850 millions d’euros (prix nets) fixés par la Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024. La projection de GERS Data table sur un volume de 1328 millions d’euros prix bruts. « C’est sans tenir compte des futures publications au « Journal officiel » qui pourront encore intervenir en octobre, novembre et décembre », remarque David Syr, directeur adjoint de GERS Data.
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