Les tests rapides d'orientation diagnostique ou TROD sont décidément un combat de longue haleine. Après avoir été autorisés à les réaliser dans trois pathologies (grippe, diabète, angine) en 2013 avant de voir la législation tomber face à la fronde des biologistes en 2015, puis rétablie mais allégée en 2016, les pharmaciens ont encore dû se battre pour les TROD Covid, d’abord les sérologiques en juillet 2020, puis les antigéniques, en octobre de la même année. C’est à cette période que l’USPO a changé de braquet dans cette guerre du dépistage.
Excédé par le temps perdu pour décrocher, à chaque pathologie, une nouvelle autorisation de pratiquer un TROD à l’officine, le syndicat souhaite inverser la doctrine. Au lieu de lister, à coups d’arrêtés, les situations médicales dans lesquelles le pharmacien peut réaliser un TROD, son président, Pierre-Olivier Variot, appelle à ce que « les pharmaciens aient le droit de faire tous les TROD. Tous ! Et si leur réalisation en pharmacie dans une pathologie pose problème, libre aux pouvoirs publics de le supprimer de notre arsenal ». La situation est d’autant plus « aberrante » que les patients sont demandeurs d’un dépistage en officine en raison de sa proximité et de sa disponibilité, ajoute-t-il.
Du dépistage à la vaccination
Coralie Marjollet, présidente de l’Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques (IMAGYN), plaide ainsi pour que les pharmaciens puissent mettre à disposition les tests HPV validés par la Haute Autorité de santé (HAS) comme ils peuvent désormais le faire avec les kits de dépistage du cancer colorectal. Elle va plus loin en revendiquant le droit pour les officinaux de prescrire et vacciner les patients dès 11 ans, âge de l’ouverture de la vaccination anti-HPV dont la couverture en France reste très insuffisante. « La vaccination à 11 ans confère une protection de près de 90 %, elle tombe à 52 % quand on vaccine à 17 ans », précise-t-elle.
C’est le même plaidoyer que défend Gilles Pialoux, infectiologue à l’hôpital Tenon et président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS). Il veut aussi permettre aux pharmaciens de réaliser des TROD combinés VIH-VHB-VHC. « Selon une étude de la SFLS en 2020, 74 % accepteraient de proposer ces TROD », note Gilles Pialoux en rappellant que tout converge vers cette autorisation : c’est une demande du Conseil national du sida (CNS) depuis 2019, la HAS en 2017 a trouvé l’idée « intéressante », et les différents rapports annuels réalisés sur demande du ministère concernant la prise en charge des personnes vivant avec le VIH recommandent ces TROD à l’officine en sus des autotests VIH disponibles depuis 2015. L’infectiologue va lui a aussi plus loin en appelant à l’entrée en application d’une mesure prévue dans stratégie nationale de santé sexuelle : permettre la délivrance du kit initial du traitement post-exposition au VIH par les pharmaciens d’officine début 2024.
Extrait d'un débat lors de la dernière Journée de l’USPO.
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