La nouvelle convention qui lie les médecins avec l’assurance-maladie intéresse aussi les pharmaciens, et pas qu’un peu. Elle entérine le fait que le médecin doit coopérer avec les officinaux sur plusieurs points (prescriptions hors AMM, polymédication…) et force la prescription des bilans partagés de médication. Dans un objectif de pertinence des soins et de « sobriété médicamenteuse ».
La Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM) et la majorité des représentants des médecins généralistes et des spécialistes signent ce 4 juin la convention médicale après, ici aussi, d’âpres négociations et quelques tensions.
Cette convention entérine une augmentation de la consultation à 30 euros dès décembre prochain pour les généralistes et progressivement de 31 à 60 euros pour les spécialistes, ainsi qu’une nette hausse des forfaits.
Elle engage aussi les médecins conventionnés à travailler avec les pharmaciens dans plusieurs actions prioritaires visant à favoriser le bon usage des soins et à faire des économies. En premier lieu, la nouvelle convention médicale a l’ambition de réduire la polymédication « en s’appuyant autant que besoin sur une collaboration pharmacien-médecin ». En clair, il faut que les médecins diminuent de 4 molécules le traitement chronique des patients hyperpolymédiqués (plus de 10 molécules) et de 2 molécules le traitement des patients polymédiqués (plus de 5 molécules) de 65 ans et plus. Pour cela est prévue une consultation longue de déprescription des patients âgés de plus de 80 ans hyperpolymédiqués, rémunérée 60 euros pour le médecin traitant à condition que le patient ait réalisé un bilan partagé de médication (BPM). Cette consultation entre en vigueur au 1er janvier 2026. Pour faire décoller la mission en pharmacie, les médecins s’engagent ainsi à prescrire des BPM, à « collaborer avec les pharmaciens à la suite des bilans partagés de médication pour déprescrire certains médicaments » et à « coopérer avec le pharmacien lorsqu’il identifie un risque iatrogène au moment de la dispensation », idéalement en passant par l’ordonnance numérique.
L’autre grande ambition de l’assurance-maladie est de remettre les prescriptions en conformité avec les indications thérapeutiques remboursables. Et recadrer par-là les prescriptions hors AMM présentées au remboursement. Objectif : viser 80 % de prescriptions conformes sur quelques molécules prioritaires. Les premiers médicaments visés sont les analogues des GLP-1 pour lesquels l’assurance-maladie prévoit un dispositif de prescription renforcé « disponible avant la fin de l’année ». De leur côté les médecins s’engagent utiliser la mention « NR » sur l’ordonnance, à utiliser les ordonnances de médicaments d’exception et à « coopérer avec le pharmacien qui s’interrogerait sur le caractère remboursable d’une prescription au moment de la dispensation ». Ils s’engagent aussi à respecter les « qualités techniques » des prescriptions, toujours en coopération avec les pharmaciens, et à déployer la e-prescription.
Pour lever certains freins à la substitution des biosimilaires en pharmacie, l’assurance-maladie devra informer les médecins des classes de biosimilaires éligibles à ladite substitution.
Plus loin, la convention enjoint les médecins à « coopérer avec le pharmacien qui alerterait le prescripteur sur le dépassement du seuil » réglementaire de 200 bandelettes d’autosurveillance de la glycémie, pour lesquelles les professionnels de santé se font souvent rappeler à l’ordre. « La mise à disposition d’un compteur volumétrique auprès des pharmaciens permettra de connaître les précédentes dispensations », rappelle l’assurance-maladie dans le texte de la convention médicale. Pour réduire les volumes remboursés de pansements techniques prescrits en post-opératoire (objectif : - 5 % dès 2025), elle indique aussi vouloir engager des travaux conventionnels avec les infirmiers et les pharmaciens pour adapter les prescriptions de pansements, notamment hospitaliers.
Enfin, l’assurance-maladie veut renforcer le juste recours à l’ordonnance bizone pour les patients en affection longue durée (ALD). « Le non-respect de cette distinction entraîne une dépense indue pour l’assurance-maladie », clame la CNAM qui s’engage à des actions de sensibilisation des prescripteurs et des pharmaciens « au bon usage de l’ordonnance bizone ». Elle indique aussi vouloir outiller les pharmaciens « pour une solution de contrôle du respect du bizone au moment de la dispensation », sans plus de précision.
« Pour les programmes qui auront dépassé leur cible en 2027 et ce, jusqu’en 2029, les partenaires conventionnels conviennent que les économies supplémentaires résultant de cette performance seront partagées à parts égales entre l’assurance-maladie et les médecins », est-il indiqué dans la convention.
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