La mobilisation des biologistes, qui consiste à ne plus renseigner la plateforme SI-DEP permettant de suivre l’évolution de l’épidémie de Covid-19, passe très mal auprès des autorités.
Premier à s’offusquer hier matin, alors que les biologistes mettaient à exécution la menace de ne plus alimenter la plateforme SI-DEP, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a jugé cette décision « inacceptable ». Même son de cloche à l’assurance-maladie qui « rejoint pleinement la réaction du gouvernement ». À l’initiative de l’Alliance pour la biologie médicale (ABM), le mouvement a été déclenché en opposition à une baisse des tarifs de 250 millions d’euros en 2023, prévue au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).
« Prendre en otage ainsi le suivi de l’épidémie du Covid-19 est inacceptable au regard du contexte sanitaire et des enjeux de santé publique », juge Thomas Fatôme, le directeur général de l’assurance-maladie. Estimant, tout comme Gabriel Attal, qu’il est « naturel que des efforts sur les tarifs soient demandés » au vu de la rentabilité du secteur, l’assurance-maladie précise qu’après « discussion avec le secteur, cette baisse pourrait être répartie entre les actes de biologie courants (à hauteur de 200 millions d’euros) et les tests Covid (à hauteur de 50 millions d’euros) ». En revanche, « le quantum des économies qui pourrait être appliqué les années suivantes n’a pas encore été discuté avec les représentants : il n’a ainsi pas été proposé par l’assurance-maladie de faire 250 millions d’euros de baisses supplémentaires en 2024 et 2025 ». L’assurance-maladie souhaite poursuivre le dialogue avec la profession, « mais cela suppose que les représentants du secteur adoptent une attitude responsable dans le choix des actions menées pour porter leurs revendications et garantissent à la fois la continuité des soins et l’accomplissement de leurs missions au service de la santé publique ».
Ce matin, c’était au tour du ministre de la Santé d’exprimer toute son incompréhension face au choix de cette grève. « L'attitude des représentants des biologistes est inconséquente, inconsciente, inadmissible. » Et d’ajouter : « Ils prennent en otage l'ensemble de la population (…) ils nous rendent aveugle face à la gestion d'une épidémie qui tue encore. » Quant à la baisse de prix de 250 millions d’euros prévue au PLFSS 2023, François Braun répond par les chiffres sur la rentabilité du secteur qui a « largement profité de la crise Covid », passant de « 900 millions de bénéfices en 2019 à 1,6 milliard en 2020 et 3 milliards en 2021 et ça, c'est l'argent de la Sécurité sociale ». Dans ces circonstances, une baisse des tarifs de 250 millions d’euros « est un effort raisonnable ».
Des explications mal accueillies par la coopérative Les Biologistes indépendants qui rappelle que les tarifs des tests ont été fixés par le gouvernement et qu’elle a alerté sur « les dépenses considérables que générait la PCR gratuite sans ordonnance y compris pour des motifs de confort », une stratégie « coûteuse » que seule la France a mise en place. De plus, « davantage inscrits dans la ruralité », les Biologistes indépendants ont réalisé deux fois moins de tests Covid « que les groupes financiarisés » et vivent donc « cette baisse de tarifs sur les examens de biologie de routine (…) comme une double peine ». Ne représentant « plus que 35 % de la biologie » de ville, ils se demandent si, par cette mesure, le gouvernement ne chercherait pas à « accélérer la financiarisation de la biologie médicale » et donc à « [les] tuer ».
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