Face à la grande diversité des décisions des États membres concernant l’utilisation du vaccin AstraZeneca, la Commission européenne a missionné l’EMA, le 9 avril, pour réaliser une étude fine quant au risque de thrombose rare et aux bénéfices du vaccin selon les classes d’âge et l’exposition au virus. L’agence a dévoilé vendredi dernier neuf scénarios intégrant ces facteurs destinés à guider chaque pays, en fonction de sa situation propre, dans ses choix de stratégie vaccinale contre le Covid-19.
La conclusion générale de ce travail démontre que les bénéfices « l'emportent sur les risques chez les adultes de tous les groupes d'âge, comme déjà confirmé par l'agence », indique Noël Wathion, directeur exécutif adjoint et pharmacien de formation. La prévalence des cas de thromboses atypiques rares est globalement estimée à 1/100 000, mais elle diffère selon les groupes d’âge. Ainsi, le risque est plus élevé chez les 40-49 ans (2,1/100 000), les 20-29 ans (1,9/100 000) et les 30-39 ans (1,8/100 000). Il est moins élevé pour les 50-59 ans (1,1/100 000), les 60-69 ans (1/100 000), les 70-79 ans (0,5/100 000) et les 80 ans et plus (0,4/100 000).
Sans surprise, le bénéfice de la vaccination augmente non seulement avec l’âge mais aussi avec l’exposition potentielle au virus. L’EMA a fait des calculs en fonction d’un taux d’infection mensuel bas (55/100 000, soit le taux européen en septembre 2020), moyen (401/100 000, taux européen de mars 2021) et haut (886/100 000, taux européen de janvier dernier) et les bénéfices de la vaccination sont, dans tous les cas étudiés, supérieurs dans toutes les classes d’âge au risque de thromboses atypiques.
Pas de prévalence connue selon le sexe
Malgré une fréquence globale plus élevée de cas de thrombose atypiques chez les femmes relevée en Europe, l'EMA n’a pas été en mesure de réaliser cette analyse en fonction du sexe, ne disposant pas de données suffisamment détaillées de la part des Etats membres. « Nous avons obtenu beaucoup de données en seulement deux semaines, mais celles liées au sexe des personnes vaccinées sont encore incomplètes. Cela pourrait changer au fur et à mesure que les données sont disponibles », précise Noël Wathion.
Au total, 287 cas ont été signalés dans le monde après vaccination avec AstraZeneca, dont 142 dans l’Espace économique européen. Le dernier bilan français, paru le 23 avril, fait état de 27 cas (13 femmes et 14 hommes). À noter que 15 cas similaires, uniquement chez des femmes, ont été détectés aux États-Unis après vaccination avec Johnson & Johnson (J & J, Janssen en Europe), 25 cas avec Pfizer-BioNTech et 5 cas pour Moderna, selon les derniers chiffres communiqués par les différentes agences. À la question de savoir si ces thromboses atypiques sont plutôt associées aux vaccins qui utilisent un adénovirus pour vecteur, le responsable de la stratégie de vaccination de l’EMA, Mario Cavalieri, répond que les investigations sont toujours en cours et que l’agence se penche autant sur ces vaccins que sur les autres. « À ce stade, on constate une plus haute fréquence de ces effets secondaires avec AstraZeneca mais pas avec les vaccins à ARNm malgré une très forte utilisation. Nous recherchons toute connexion, tout facteur de risque associé mais pour le moment rien n’émerge. »
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