Révolutionnaire autant que coûteuse, l’immunothérapie par CAR-T-cells suscite de nombreux espoirs dans la lutte contre plusieurs formes de leucémies et de lymphomes. Elle n’est cependant pas sans risques infectieux graves, comme le révèle une méta analyse menée par chercheurs allemands, américains et israéliens.
Présentées, à raison, comme un changement de paradigme dans le traitement des leucémies et des lymphomes, les CAR-T cells comportent, comme toute autre thérapie, des effets indésirables, y compris mortels. Cependant, contrairement à ce qui était jusqu’à présent admis, les principales causes de décès dus à ce traitement ne sont ni l’orage cytokinique qu’il peut déclencher, ni les symptômes neurologiques graves qu’il peut entraîner. Comme le révèle la méta-analyse portant sur 46 études cliniques et en vie réelle ( 7 604 patients traités pour un lymphome à cellules B ou un myélome multiple), menée par des chercheurs américains, israéliens et allemands sous l’égide du CHU (LMU Klinikum) de Munich (Allemagne) et publiée dans le journal « Nature Medicine », plus de la moitié (50,1 %) des 574 décès sans lien avec une récidive est imputable à une infection grave et à ses complications.
Un constat qualifié de « renversant » par les scientifiques car il signifie « qu’à l’avenir, notre objectif doit être avant tout de prévenir et de détecter de manière précoce, par tous les moyens, ces infections, et de les documenter plus précisément dans des études. Il s’agit de susciter une prise de conscience ». D’autant que dans deux tiers des cas l’agent pathogène n’a pas été déterminé (le Covid-19 est cependant à l’origine d’un sixième de ces décès). Quant aux causes communément admises – orages cytokiniques et symptômes neurologiques —, elles n’interviennent que dans 11,5 % des décès. Par ailleurs, 7,4 % des cas étudiés avaient une origine cardio-vasculaire ou pulmonaire. En tout état de cause, tient à préciser le Dr Kai Rejeski (LMU Klinikum), la balance bénéfices-risques reste définitivement favorable aux CAR-T-cells.
Enfin, autre enseignement qui bat en brèche les idées reçues, 8 % « seulement » des décès ont été provoqués par une tumeur secondaire. Kai Rejeski exclut d’ailleurs que le traitement par CAR-T cells puisse en être à l’origine. « D’une part, la plupart des patients ont déjà suivi auparavant plusieurs chimiothérapies, qui peuvent provoquer elles-mêmes un cancer. D’autre part, les patients atteints de lymphomes et de leucémies ont atteint un âge qui augmente le risque de développer un autre cancer, quelle que soit la thérapie suivie. Enfin, notons que la thérapie par CAR-T cells allonge l’espérance de vie et par là même majore le risque d’apparition d’une tumeur secondaire. »
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