Dans moins de dix semaines, les pharmaciens titulaires seront appelés à élire leurs représentants aux Unions régionales de professionnels (URPS). Ce sont désormais des entités bien identifiées au niveau régional et rodées aux arcanes de l’interprofessionnalité. En une décennie, les URPS ont en effet creusé leur sillon dans le paysage sanitaire et tissé des liens avec les ARS. Les élus de la profession se sont ainsi imposés sur le terrain comme un pivot de la communication entre ces instances, les pharmaciens et les autres professionnels de santé.
Paradoxalement la crise sanitaire a eu des effets bénéfiques, car elle a ouvert aux URPS Pharmaciens de nouvelles opportunités pour utiliser ces rouages. Diverses actions au niveau local, comme l’approvisionnement en masques et gels, l’organisation de dépistages et désormais la vaccination contre le Covid, ont été autant d’occasions pour les élus de démontrer leur proximité avec leurs confrères. Ces initiatives de terrain sont venues compléter les expérimentations mises en place à l’échelle locale au cours des cinq dernières années. C'est donc sur cette mobilisation que les candidats vont capitaliser, ou se projeter en ce qui concerne les nouveaux entrants.
Tremplin de nouvelles négociations
Mais ces élections ont également une portée nationale. Car en élisant leurs représentants, les pharmaciens ont le pouvoir de peser sur la représentativité des syndicats. Le scrutin de 2015 avait ainsi vu percer l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui, du Nord au Sud, avait remporté 42,59 % des voix et cinq régions (voir carte ci-contre). A contrario, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) avait subi un revers qui lui avait coûté sa représentativité.
Qu’en sera-t-il du scrutin 2021 ? Connaîtra-t-il un sursaut dans la participation des titulaires, alors que six sur dix seulement s’étaient rendus aux urnes en 2015 ? L’introduction du vote électronique favorisera-t-elle un nouvel élan ? Une chose est sûre. Quelle qu’en soit son issue, ce scrutin débouchera immédiatement sur un nouveau calendrier conventionnel puisque les négociations entre les syndicats de la profession et l’assurance-maladie démarreront dès le printemps. Les deux syndicats ont ébauché les grandes lignes de ces négociations dans leur programme électoral. Des programmes qu’il reste à affûter, notamment du côté de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui souhaite l’enrichir par le biais d’une grande consultation nationale. Cependant, pour Philippe Besset, son président, plusieurs grandes lignes sont déjà gravées dans le marbre. Le réseau officinal a besoin d’une revalorisation urgente des actes de dispensation, « cœur de métier du pharmacien », rappelle-t-il. « Cela fait dix ans que nous transformons de la marge en honoraire. Il est désormais grand temps d’augmenter ces honoraires, de les doubler à 1 euro en ce qui concerne l’honoraire à l’ordonnance et de revenir à 1 euro pour l’honoraire complexe », déclare le président du syndicat, qui chiffre cette revalorisation à plus de 700 millions d’euros sur cinq ans.
Farouchement opposé à cette logique comptable, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) préfère faire campagne sur les visions du métier de demain, dans le sillage dessiné par l’avenant 11 et le positionnement métier. « Il faut poursuivre la réforme engagée par l'avenant 11*, ajouter des interventions pharmaceutiques, de nouveaux entretiens pharmaceutiques, modifier la rémunération des gardes, élargir la cible des vaccins en officine, valoriser les actes de dépistage… », énonce-t-il affirmant que le volet de la rémunération suivra chacune de ces avancées. « Il ne faut pas nous enfermer dans une enveloppe », met-il en garde. Ce sont deux représentations de la pharmacie que les pharmaciens auront à départager d’ici au 7 avril.
* Avenant du 20 juillet 2017 dont l'USPO est le seul signataire.
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