Deux syndicats d'infirmiers et de médecins ont récemment attaqué les pharmaciens, accusés par les premiers de venir les concurrencer sur la vaccination à domicile et d'avoir trop d'ambitions en matière de prescription par les seconds.
Les pharmaciens chercheraient-ils à « voler » le travail des autres professionnels de santé ? C'est en substance ce que reprochent le Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux (SNIIL) et le Syndicat des médecins libéraux (SML). Les premiers nommés ont tenu à régir à un communiqué diffusé la semaine dernière par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) sur la vaccination hors les murs. Un texte qui indiquait que les officinaux avaient désormais la possibilité de vacciner dans les collèges contre le virus HPV, dans les EHPAD, ou encore au domicile des patients. « Le pharmacien pourra donc vacciner hors de l’officine la même population cible, à savoir les personnes âgées de onze ans et plus, avec l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal qu’il peut prescrire et/ou injecter », précisait l'USPO, qui a eu confirmation de cette information par le ministère de la Santé. Une annonce qui a fait bondir le syndicat des infirmiers libéraux. « Le ministère de la santé souhaite-t-il enterrer la profession d’infirmier libéral ? », interroge le SNIIL, qui s'est dit « effaré » par cette nouvelle. « Si les pharmaciens sont à présent autorisés à se rendre à domicile, cela va créer une concurrence qui n’a pas lieu d’être, sans parler de la perte de motivation, à juste titre, que cela va entraîner chez les IDEL », dénonce le syndicat infirmier. Pour ce dernier, voir notamment des pharmaciens vacciner dans les EHPAD est « une absurdité ». Le ministère de la Santé en prend lui aussi pour son grade, le SNIIL lui reprochant de diviser les professionnels de santé et de créer « une sorte de concurrence » entre eux.
Soucieux d'éteindre ce début d'incendie, le président de l'USPO, Pierre-Olivier Variot, a tenu à préciser que ses confrères et consœurs n'essayaient aucunement de s'emparer du travail des autres. « Le pharmacien ne vaccinera hors les murs qu'en cas de besoin, si le patient le demande. Si, dans un territoire, la vaccination à domicile est assurée par les infirmiers et que les patients n'ont pas besoin qu'un pharmacien vienne, nous ne viendrons pas ». Pierre-Olivier Variot attendait avant tout une réponse du ministère pour clarifier des règles un peu floues jusqu'à présent et éviter aux pharmaciens d'être en dehors des clous. « Le pharmacien préférera toujours vacciner en pharmacie et en ce moment nous avons suffisamment de travail pour ne pas vouloir nous en rajouter », assure-t-il.
Les syndicats infirmiers ne sont toutefois pas les seuls à s'en prendre aux pharmaciens. Lors de ses Journées annuelles, tenues à La Rochelle il y a quelques jours, le SML, par la voix de sa présidente, la Dr Sophie Bauer, s'est attaqué à l'élargissement des compétences des pharmaciens, notamment en matière de prescription. Évoquant la possibilité de laisser les pharmaciens prescrire des antibiotiques après un TROD positif, sans intervention du médecin, la praticienne a voulu alerter les membres de sa profession. Les officinaux « ne vont pas s'arrêter là », prévient-elle. Selon la Dr Bauer, les pharmaciens voudraient maintenant s'emparer de la prescription d'antalgiques de niveau 2 et pourraient bien parvenir à leurs fins car ils bénéficient de « l’oreille attentive de certains politiques qui ne comprennent rien à la médecine ». Si une telle ambition se confirmait, la présidente du SML redoute des conséquences terribles pour les patients…
À toutes fins utiles, rappelons que, sur le terrain, la collaboration entre professionnels de santé se passe souvent très bien.
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